Retour à la maison, tard la nuit [fini]

Je regardai ma montre. 00h03. D'accord, je n'étais pas directement rentrée chez moi après l'épisode au parc obscure. Après avoir dépassé un café plutôt rassurant où il y avait bonne ambiance, je m'étais décontractée, et je marchais au rythme de la musique. Puis, à un moment, j'avais enfin aperçu la lune derrière un rideau de feuilles et de branches. L'astre était plein, et en regardant le ciel, je m'aperçus qu'il était l'un des plus étoilés que je n'avais jamais vu.

Un tel spectacle mérite bien que l'on s'y attarde, non ? Je m'étais donc assise dans l'herbe mouillée, à côté du trottoir, adossée à un lampadaire, et j'avais longuement observé les astres en me questionnant sur ma vie, ses changements, mes relations, mes anciens amis,... mon père ! Entre temps, j'avais un peu oublié la dispute entre Morgan et moi, et la réalité m'avait heurtée comme une gifle : il devait surement se demander où j'étais allée.

Zut ! Zut, zut et zut ! En temps normal, j'aurais passé la nuit chez une amie, puis je serai rentrée le lendemain. Si je rentrais à minuit et demi (et oui, je n'étais pas encore chez moi après ça), j'allais le sentir passer. Croyais-je. Je n'avais jamais fait de gaffe avec Morgan; et je n'étais pas pressée de savoir quel effet ça faisait.

Malgré moi, je me levai, essuyai l'herbe qui restait collée à mon pantalon devenu humide, voir mouillé, et me résolu à rentrer dans la maison de ma seule connaissance ici à Forks. Je me sentais affreusement seule, tout à coup. Julie et Anely me manquaient. Thomas aussi, ainsi que Luis. Tous mes amis d'avant, que je ne reverrais probablement jamais. C'était injuste. Je n'allais pas me résoudre une fois de plus à faire le point, et à me demander comment j'en étais arrivée là. Je l'avais bien compris, je le savais, mais je ne voulais plus y penser. Ma mère me manquait assez quand je ne pensais pas à elle, autant ne pas retourner le couteau dans la plaie, alors que je commençais à passer le pas.

Une dizaine de minute plus tard, j'aperçus ma destination. La maison de Morgan Cray, mon père. Cette idée me faisait toujours frissonner, même après ces longues semaines durant lesquelles j'avais déjà vécu dans cette maison. Je m'étais fait à Forks (malgré ses différences avec mon ancien milieu de vie), je m'étais habituée au collège et à ses élèves (qui, eux, n'étais pas si différents de mes anciens camarades), mais je ne digérai toujours pas l'idée de vivre avec mon père. Et qu'il soit aussi... absolument pas comme je l'avais imaginé.

Vu qu'entre temps, le ciel s'était assombri de gros nuages, et qu'il commençait à goûter, je marchais rapidement vers la maison, pour ne pas être mouillée. Arrivée devant le porche, je me souvins que je n'avais pas de clefs de chez moi (quel ironie, ça m'aidait encore plus à me sentir chez moi); je dus donc toquer. Quel sentiment horrible... Je regardais ma montre : 00h34.

* Prie pour qu'il ne fasse aucune remarque déplacée * Je priais pour qu'il ne fasse aucune remarque déplacée...

Spoiler:

*Elle le savait pourtant, elle le savait .. Personne*

"PERSONNE !"Hurla t-il.

Il tremblait de rage.Tout étais confus en lui, la colère, la peur, les remords.C'est alors qu'il entendit la porte d'entrée se fermer.Que devait-il faire ? La suivre ?
*Elle qui est si prompt à désobéir aux ordres, qu'elle assume ses actes après tout!*
D'étranges pensées lui venaient alors à l'esprit.Il ne savais réellement que faire.Il fût prit d'un excès de rage et ce mit à ravager les outils présents dans la cave, qui lui servaient à faire des recherches sur son état de vampire.Après plusieurs minutes, il se rendit compte de ce qu'il venait de faire.La haine, n'était en réalité qu'un prétexte.Il venait de le comprendre.La lâcheté était tellement présente en lui qu'il avait concentré son attention sur ses propres émotions, sur la peur de voir ça réelle condition révélée, sur la haine qu'il éprouvait, envers lui même, à chaque fois qu'il posait son regard sur ça fille et qu'il y voyait le reflet de la femme qu'il avait tant aimé et brisé.

*Vite, elle est sûrement déjà loin !*

Sans prendre la peine de se saisir d'un vêtement, il se mit à courir vers la porte d'entrée afin de partir à la recherche de la seule chose qui lui importait encore dans ce triste monde.Il prît tout de même le soin de laisser la porte ouverte au cas ou elle reviendrais avant lui à la maison.

Certes, il avait des talents de chasseurs et il aurais pu la suivre facilement, mais il était dans un tel état de désolation et de tristesse que tout ses sens semblaient l'abandonner, telle une punition pour avoir été une fois de trop un lâche.

Sans le savoir il partait dans la direction opposée à celle que ça fille avait suivie.Une peur inconsciente le guidait.Lui, vampire en déroute, savait plus que tout autre les dangers qu'une personne seule, à l'air perdue et si frêle, encourait.A cela s'ajoutais la venue d'un nouveau vampire en ville.Bien qu'il n'y prêta pas une grande attention au début, à l'hôpital on lui avait parlé d'une série de meurtres particulièrement horribles.Il avait donc fini par prendre la décision d'aller voir les cadavres des personnes en question et y avait découvert les signes caractéristiques des membres de son "espèce".
L'idée que ce vampire, qui lui semblait plus violent que ce qu'il avait pu observer jusqu'alors, pose une seule main sur ça fille lui fît perdre, plus que de raison, ses moyens.

Après plusieurs heures de marches et de pensées sombres, il se trouva, sans trop savoir comment, devant un étrange café.Ou plutôt un café étrange.Mais après de longues minutes, perdu dans ses pensées, il prit conscience du fait que ce n'était pas le café en lui même qui captait son attention mais une jeune femme qui venait de passer tout prêt.Elle avait de longs cheveux noirs aux reflets brun foncé.Cependant, ce n'était pas ce détail qui l'avait intrigué, mais plutôt ses yeux aux reflets dorées.Il sentait une odeur de sang sur cette dernière.
*Serais-ce celui de Jasmine ?!!*
Il se mit à courir vers l'inconnue mais, d'un coup, une douce brise le fît s'arrêter.

"Ja .. Jasimne .. ?" Murmura t-il.

Son odeur .. Maintenant qu'il reprenait peu à peu ses esprits, il se rendît compte que l'inconnue, bien qu'elle était vampire, il en était persuadé, n'avait en aucun cas touchée ça fille.Bien que l'idée qu'une personne ou qu'un être vivant avait du être le repas de cette vampire ne le réjouissait guère, il poussa un profond soupir de soulagement.

C'est donc avec tout la force dont il disposait, qu'il se mit à courir, suivant les traces olfactives qu'avait laissées Jasmine.

En quelques minutes il retrouva la rue qu'il connaissait si bien et là, devant ça petite maison, une jeune femme était sur le pas de la porte.Elle se mît à frapper à la porte.

"Jasmine !" Dit-il d'une voix forte et heureuse qui ne lui était pas familière.

Il se jeta sur elle, la retourna face à lui et la serra aussi fort qu'il le pu dans ses bras.Pour la première fois depuis des années il se mit à sangloter et dit au rythme lent de ses pleurs:

"Je .. Je .. Ne refais jamais ça .. j'ai eu .. Si peur."Il ne fût capable d'ajouter quoi que se soit d'autre mais, il le savait, pour la première fois depuis longtemps, il se sentait tout simplement humain et aimant.

Il n'ouvrit pas une fraction de seconde après que j'ai toqué à la porte, ce qui m'inquiéta. Ce n'était pas habituel. Je faillis vraiment stresser quand j'entendis quelqu'un crier au bout de la rue.

Je me retournai, effrayée. Quel était cette ombre imposante qui appelait mon nom ? Il se jeta sur moi, j'eus l'impression de ne rien peser. Je voulu me débattre, mais son odeur, si étrange mais pourtant si familière, m'indiqua qui c'était. Morgan... il ne m'avait jamais traité avec tellement d'affection. Cela me dérangea. C'était comme si... comme s'il n'était plus le même. Avait-il oublié l'épisode avant ma fuite ? Je n'en revenais pas, et là, alors qu'il semblait laisser couler quelques larmes, j'eus l'impression d'être... la fille de mon père.

Une fraction de seconde seulement, car déjà, la seconde d'après, un autre sentiment m'envahis : je me sentais attirée par cet homme.

J'eus cru que mon cœur aller s'arrêter. Son odeur, tellement particulière et si douce, sa peau pâle, mais ferme, mon visage dur qui versait maintenant quelques larmes.

" Je... Je... Ne refais jamais ça... j'ai eu... Si peur. "

Sa voix, généralement si dure, était pleine de remords et de vérité. Ses bras, si forts et si froids, qui m'entouraient... Oh Mon Dieu ! Je ne pouvais pas rester là. C'était peut-être le geste le plus normal entre un père et son enfant, mais ce n'est absolument pas comme ça que je le voyais. Je n'étais pas prête et ce n'est que maintenant que je comprenais pourquoi : les hommes sont mon opposé. Et ils ne pourront être qu'une chose dans ma vie... Une larme sembla perler sur ma peau, et un frisson froid me parcourut. Son étau, tellement puissant, sa peau, si froide...

Sans oser pousser ma réflexion plus loin, je me libérai sauvagement de son étreinte. Mon cœur battait la chamade, et l'adrénaline avait envahis mes veines. Je ne pensais plus qu'à fuir, partir en courant, loin de lui. Un instinct de survie animal semait la pagaille dans mes pensées. Qui était cet homme pour me mettre dans cet état ? Je l'observai sans comprendre, presque à bout de souffle. Mon regard plongé dans ses yeux d'un noir de jais, je me sentais écrasée.

* Grand-mère, pourquoi as-tu de si grands yeux ?
- Pour mieux te voir, mon enfant... *

Je fermai les yeux, ne pouvant supporter le lien une seconde de plus.

" Ouvre la porte. " ordonnai-je froidement.

"Ouvre la porte. "

Trois mots qui avaient eu l'effet de le ramener à la réalité qu'il avait quitté quelques heures auparavant.Tout ce confondait dans son esprit, comme lorsque Jasmine avait prit la fuite.Il avait eu l'étrange sensation de se sentir humain pour la première fois, il pensait être de nouveau le jeune homme de 17 ans qu'il avait abandonné pour vivre ça propre lâcheté, pour vivre, ou plutôt mourir avec elle.Mais plus que les mots eux même, c'était la froideur qui les entouraient qui semblait le pétrifier.
Ce qui ne semblait être qu'une crise de colère passagère, d'une jeune fille, avait été un coup de poignard pour un homme qui venait à peine de retrouver le goût de la vie.Pour lui, cette phrase signifiait une perte aussi grande que fût celle de ça femme.

Il ne savait plus que faire.Un excès de colère fît irruption en lui.Pourtant, une vague onde de raison lui rappela qu'il ne devait pas briser celle qu'il aimait, il se jeta donc sur la porte qui vola en éclat.
Il se retourna, tout en bloquant le passage, et vit le visage de ça fille.Il fallait qu'il assume son rôle, qu'il prenne en main son "destin", il devait la protéger tout en mettant de côté, pour le moment, toute l'ampleur de ça souffrance.Il reprit donc le plus de contenance possible.
C'est d'une voix tremblante, à mi-chemin entre la colère du vampire et la détresse de l'homme qu'il s'exprima:

-"Tu ne dois pas partir seule en pleine nuit, surtout pas dans la forêt, tu m'entends ?"S'écria t-il en lui lançant un regard quasiment hystérique.

Non, pas cette envie, il ne devait pas, pas maintenant.Avec toutes ces histoires, il avait oublié de ce nourrir et ce besoin ce faisait de plus en plus pesant.Il poursuivit le visage légèrement penché, regardant le sol pour éviter au moins le contact visuel ce qui, pensait-il, diminuerais ses pulsions meurtrières.

-"Je suis ton père, tu dois m'obéir !" Dit-il d'une voix forte.

Il fut visiblement choqué - voire déboussolé - par mes paroles. Je regrettai aussitôt d'avoir été aussi dure, malgré le torrent de sentiments contradictoires qui me traversait. D'une part, mon incompréhension s'était transformée en regret car l'expression qu'affichait le visage de Morgan me déchirai. D'autre part, ma frayeur, ma crainte de lui - toujours sans raison apparente - s'était fait plus grande parce que ses réactions étaient imprévisible, et que ses yeux étaient creusés d'un... sentiment que je ne pouvais comprendre.

Son étrange pâleur resta intacte, mais quelques rides m'apprirent qu'il se fâchait. Et qu'il ne savait pas sur quoi déverser sa colère. Une brève hésitation le fit poser ses yeux sur moi, puis il se tourna vers la porte et la força. Je criai de surprise. Le bois vola aux éclats, la poignée tomba sur le sol alors que le verrou resta collé au montant. Le temps que je me reprenne en main, et que je calme mon cœur qui frôlait la crise, mes yeux regardaient les planches sur le sol. Soudain, comme s'ils s'étaient téléportés, deux pieds apparurent là où il n'y avait que débris.

Moi qui voulait calmer mon cœur, c'était rater. Ses battements devinrent irréguliers, et je tremblais de toute part. Un instinct de survie animal me hurlait encore de m'enfuir à toute jambes, mais je restai là, paralysée par la peur. Shy, son merveilleux chat qui avait un don particulier pour m'énerver, passa sa tête derrière les jambes de son maître, comme pour voir ce qu'il se passait. Lui aussi avait du sursauter en entendant la porter voler aux éclats. Une seconde s'écoula, puis sa voix raisonna dans toute la rue (heureusement que nous n'avions pas beaucoup de voisins).

" Tu ne dois pas partir seule en pleine nuit, surtout pas dans la forêt, tu m'entends ? "

Comment savait-il où j'étais allée ? Quoi que, je n'étais pas

allée dans la forêt. Je l'avais juste longée, mais le mystère restait intacte. Comment savait-il ?

En temps normal, j'aurais riposté. Je me serais énervée, à son instar, et je lui aurait craché mes arguments. Après tout, c'est lui qui me traite comme du poisson pourri, je n'ai pas demandée à sortir dans le froid. J'avais simplement besoin d'air après m'être fait passer un savon - injustement, qui plus est.

Mais là, je restais muette. Mes sens étaient comme endormis. Mes muscles ne répondraient pas si je les sollicitais. Et je regardais ses pieds, comme lui regardait les miens. C'était une situation un peu particulière, dans la mesure où nous nous engueulions (ou plutôt je me faisais engueuler) et que nos regards s'évitaient mutuellement. Sauf Shy, qui me perçait avec ses grands yeux vert émeraude qui reflétaient la lumière du lampadaire.

" Je suis ton père, tu dois m'obéir ! "

Au moins, sa voix s'était un peu calmée. Un peu, parce qu'elle glaçait encore le sang dans mes veines. L'allusion au mot "père" me dérangea, et pas qu'un peu, mais je dis rien. Le silence flotta autour de nous durant plusieurs secondes. Une demi minutes quasi.

" Je n'ai jamais demandé à avoir un père... " dis-je pour moi-même.

Ma voix n'avait été qu'un murmure, presque inaudible à mes propres oreilles, mais en relevant les yeux, je sus qu'il m'avait entendu. Et qu'il avait comprit. Me rendant compte de la dureté de mes paroles, et aussi de leur véracité, je passais à côté de Morgan, pour entrer dans la maison. Je montai à l'étage, et m'enferma dans ma chambre.

Le froid, le sang qui se glace, l'étrange sentiment de se sentir seul dans un néant qui lui est propre.Tel était l'état de Morgan Cray.
Cette soirée avait vraiment été une des plus difficile, moralement, pour Morgan et il avait l'impression qu'elle était loin d'être finie.Après quelques minutes, qui furent pour lui telles une éternité de doute et d'incertitude, il prit la décision d'aller ce calmer à la cave.
Face à la lui, la porte qui donnait l'accès à cette dernière.Elle lui rappelait la porte d'un tombeau. *Comme les Pharaons Égyptiens ...*
Le fait que Morgan Cray était semblable à un fantôme, mort, vide de toutes émotions, ne faisait que renforcer cette idée de perte, d'absence et de malheur qui était désormais légion en lui.
Quant à la descente elle symbolisait une longue, très longue, descente aux enfers.Il mit plusieurs minutes avant de s'adapter à la lumière qu'offrait les pâles rayons de la Lune qui pénétraient la cave par une minuscule fenêtre.
Tout était détruit, fracassé, dévasté et la chaos ambiant, il le savait, n'avait pas pour origine un quelconque Dieu ou démon mais simplement lui même.
La profonde solitude et l'absence de tout repères avaient réussit à lui faire oublier que ça fille, celle qu'il aimait autant qu'il se détestait, était dans sa chambre, furieuse et apeurée, il le sentait.
Il ne pouvait laisser les choses ainsi, il devait se faire accepter, respecter et aussi fou que cela puisse paraître, il voulait plus que tout au monde se faire aimer.
Pour la première fois il remonta dans le salon et emprunta le chemin de l'étage.Il n'étais pas très à l'aise à l'idée de renouveler ça confrontation avec ça fille mais il le savait, il n'avait pas d'autres choix pour garder Jasmine à ses cotés et essayer de rattraper une partie de son ancienne lâcheté.
C'est en lâchant un bref soupir qu'il frappa à la porte de Jasmine.

"Jasmine, nous devons parler, ouvres moi s'il te plaît." Dit-il d'une manière qu'il s'efforça de rendre la plus douce et compatissante possible.

Je n'avais pas compris ma dernière réplique avant d'être assise sur mon lit, bouillonnante et colérique comme jamais je ne l'avais été au part avant. D'accord, c'était un coup lâche. Dur... et je sus que je devrais m'en excuser dans le futur. Mais pour l'instant, rien ne pouvait m'arrêter, et je me convainquais encore de la véracité de mes dires.

Tout muscles contractés, je regardais le plafond en espérant inconsciemment que ce dernier explose. En tout cas, c'est avec une telle intensité que mes yeux se bornaient à le fixer. J'éteignis la lumière. Ça a toujours aidé à me calmer, jusqu'à maintenant. Mais rien n'y fit. Rien qu'avec la lumière du lampadaire (placé juste devant

chambre), j'y voyais comme en plein jour. Ou presque... mais peu importe. Je pris quelques respirations maîtrisées, et me leva comme si j'avais besoin de me dépenser. Et c'était le cas... Je fis tout d'abord les cent pas dans ma petite chambre, puis je m'assis sur la chaise de mon bureau et pris un crayon pour griffonner des calligraphies sur le dos d'une feuille de cours. Je remarquai bien assez tôt que ce que j'écrivais ne m'aidait pas à me changer les idées, mais je n'arrêtai pourtant pas. "

" en grandes lettres. Puis je rajoutai "

" devant. Je ne pensais à rien d'autre, sur le moment. Du moins je refusais à penser à autre chose. Je me fis la liste de ce qui était mieux : la maison, implantée dans une ville charmante où il ne pleuvait pas tout le temps; les amis, qui étaient mes proches depuis notre petite enfance et avec lesquels j'avais tissé de nombreux liens; la cuisine de maman, qui - même si elle n'était chef coq - était la meilleure que je n'avais jamais pu goûter; la voiture de maman, dans laquelle elle m'avait apporté lorsque je n'étais encore qu'un bébé et que le chauffage s'était arrêté en hiver. Il faisait trop froid dans la maison, donc on était assise à deux sur le siège passager, emmitouflées dans des couvertures. Je pensais à maman... qui a elle seule constituait une meilleure vie.

Puis à cette incroyable nuit où tout avait basculé. Les lumières multicolores de la salle de concert se mélangeaient avec celle, blanche, de l'intérieur de l'ambulance. Le choc m'avait évanouis et je n'avais revu ma mère qu'une fois...

* Pense pas à ça... * C'était la première fois que "la petite voix intérieure" s'était montrée aussi compatissante. Je soupirai. Si je me faisais pitié à moi-même, c'était mal parti. Je poussai un soupire. Je commençais à me calmer, mais mon cœur battait toujours avec la même rapidité. J'inspirai profondément...

Et quelqu'un frappa à ma porte. Pas de question quand à l'identité de ce "quelqu'un". Alors qu'il m'avait fallu un bon moment pour - presque - me calmer, il me fallu qu'une seconde pour replonger dans ma colère noire.

" Jasmine, nous devons parler, ouvres moi s'il te plaît. " l'entendis-je dire.

Je ne montrai signe de vie, immobile, debout au milieu de ma chambre. Je bloquais ma respiration et fixai la porte. Après quelques secondes, je lâchai :

" Non. "

J'accepterai qu'il parle, mais pas d'ouvrir la porte. La vue de son corps, de ses yeux, me mettrai hors de moi (que cela me donne des idées mal placées pour une fille et son père ou que cela me fasse peur, dans les deux cas je m'énerverai à nouveau). Un bref silence s'en suivit. Je me remis à respirer, d'une manière que je voulais contrôlée et régulière.

" Mais je veux bien parler. "

Une minute, une heure, un mois, un an ..
Morgan luttait pour remettre un peu d'ordre dans son esprit.
Mais cette lutte inégale ne pouvait aboutir que par un échec.
Tout en lui n'était que fusion et confusion, les opposés s'unissant dans un chaos dont le chef d'orchestre n'était nul autre que la peur.Quant à l'amour et la haine, la joie et la détresse, la frustration et la passion, ils formaient ce tout désordonné qui imposait sa propre lois.
C'est alors qu'il sentit le changement au niveau de la respiration de ça fille.Ce simple fait ne remit pas tout en ordre mais il eu pour effet de les occultés durant un très bref instant.Puis, il entendit la réponse tant redoutée:

"Non."

Cette réponse négative était un peu comme un coup de feu qui relançais la course effrénée de la "dérive des sentiments".
Dans un mouvement, quasi machinal, il reprit le chemin des escalier ne savant réellement ou aller.
Cependant, à peine avait-il eu le temps de bouger, qu'une deuxième réponse s'en suivie:

"Mais je veux bien parler."

Il ne reprit, malgré tout, aucune contenance, mais il fît de son mieux pour construire un dialogue qu'il voulait constructif, sans trop savoir réellement Comment il allait y parvenir.Il passa une main tremblante sur son visage blafard puis, d'une voix qui restait tremblante et qui ne lui était pas familière il dit fébrilement:

"Je n'ai pas été un P .. père à la hau .. hauteur.
Je le sais bien .. Il lâcha un profond soupir.
Je n'en dors plus, je ne vie plus. T .. Tu as été ma chance, tu es ma chance. Dit -il en insistant sur le mot "es".
Mais .. Il laissa un bref silence puis, il posa la question qui lui tenait le plus à cœur. seras tu me pardonner ?"

Certes, il s'agissait d'une question qui pouvait provoquer la colère comme la compassion de ça fille, certes, cette question n'avait que peu sa place à ce moment précis et la surprise allait sûrement faire irruption dans le cœur de Jasmine mais il avait eu une révélation. *J'ai besoin de savoir*
Il devait savoir, il le devait avant de pouvoir avancer, c'était, pour lui, une étape primordiale qu'il était impératif de connaitre, de franchir et cette situation finie par lui sembler plus qu'adapter pour voir une réaction honnête de la part de Jasmine.
Étant réduit à un Chasseur qui attend une proie qu'il craint, Morgan Cray, les yeux exorbités par cette foule implacable de sentiments qui hurlait en lui, attendait au pas de la porte, cette réponse qui allait soit le détruire, soit le faire souffrir encore plus.

Bien sûr, je n'étais pas insensible à ses dires. Il faudrait être un monstre pour ne pas écouter sa voix, qui reflétait tellement de souffrance. Pendant un moment, je me laissai adoucir par l'appel à l'aide de l'homme. L'homme... Morgan. Mon père. Je tressaillais toujours en m'entendant penser ce mot qui, tout doucement, rentrait dans mon vocabulaire au quotidien. Je me surprenais des fois à dire des phrases comprenant les mots "maison", "chez moi" ou "mon père".

Mais cela reflétait-il mes sentiments à moi ? J'étais encore effrayée par ce corps pâle et fort dont la vue me faisait rougir... par ces yeux tellement étonnants... ces réactions, tellement déplacées. Bref, par ce personnage, tellement à part.

Je me levai, tremblante, et fis quelques pas en direction de la porte qui nous séparait. J'essayais d'imaginer comment il était, où. Mais je ne pus me résoudre à m'approcher à moins d'un mètre et demi de la séparation. Ce moment était si bizarre... et sembla durer une vie entière.

Debout, regardant la porte, je réfléchissais. Et si cela dura longtemps, j'eus encore l'impression que le temps me manquais. J'essayais de me souvenir de tout, tout ce que je savais à propos de lui. J'étais en colère, et je n'y vis que du noir. C'était un lâche, qui avait abandonné ma mère, et qui n'était jamais revenu. C'était un fou, qui vivait loin de tout le monde, qui ne sortait jamais, et qui vivait dans sa cave interdite. Un père minable, dont le meilleur geste avait été de m'accepter dans sa maison.

Ma respiration s'était accélérée, je sentais mon pouls s'intensifier et le sang monta à ma tête.

" Je suis contente que tu t'en sois aperçu. Mais ce que tu dis, ce sont des mots. Et ça veut rien dire. Non je ne te pardonnerai pas, parce que j'aurais sans doute mieux fait sans père du tout ! "

Je m'étais emportée, mais je ne m'en était pas rendue compte, sur le coup. J'avais toutes les raisons de lui en vouloir, peu importe ce qu'il dirai, je voulais qu'il s'en rende compte. Je voulais qu'il arrête. Je ne voulais plus le voir ! car l'influence effrayante qu'il avait sur moi me terrorisait.

" T'es qu'un lâche. T'as abandonné maman, et tu crois que tu peux te le pardonner grâce à moi. Bah de toute manière maman est morte et jamais elle te le pardonnera ! "

Je me rendis compte que je m'étais emportée, mais mon esprit conscient supprima très vite cette pensée. Jamais je ne l'avouerai... et je ne reculerai pas maintenant que le processus était lancé.

" J'ai toujours envie de courir quand t'es là. Et ta simple vue coupe mes mots. Je veux plus te voir ! Jamais ! ... "

Suite à cela, je tombais en arrière de surprise quand la porte vola aux éclats.

" Je suis contente que tu t'en sois aperçu. Mais ce que tu dis, ce sont des mots. Et ça veut rien dire. Non je ne te pardonnerai pas, parce que j'aurais sans doute mieux fait sans père du tout ! T'es qu'un lâche. T'as abandonné maman, et tu crois que tu peux te le pardonner grâce à moi. Bah de toute manière maman est morte et jamais elle te le pardonnera ! J'ai toujours envie de courir quand t'es là. Et ta simple vue coupe mes mots. Je veux plus te voir ! Jamais ! ... "

Il n'en fallait pas plus, tel un serpent qui frappe, la folie avait saisie le cœur de Morgan Cray. Sans même réfléchir, son esprit libre de tout conflits, il n'avait plus qu'une envie .. Tuer. D'un coup de pied il brisa la porte qui ne fît preuve de la moindre once de résistance face à la colère noire qui le submergeait. Puis, d'un pas décidé, il pénétra dans la petite chambre.
Malgré cet état, la vue de sa fille empêcha le geste funeste mais il ne pu retenir l'étendue de sa colère, c'est ainsi qu'il laissa s'échapper un flot long et continu de paroles qui n'auraient peut être pas été les siennes en temps normal.

" Tu ne sais strictement rien de ce que j'ai vécu, j'aimais ta mère et elle m'aimait aussi ! J'ai traversé l'enfer pour elle, comme pour toi ! Tu n'as en aucun cas le droit de parler en son nom et n'oublies pas que sans moi, elle ne serais plus la seule à n'être plus de ce monde à l'heure qu'il est ! Tâche de t'en souvenir avant d'oser t'adresser à moi de cette manière ! "

La réaction de Jasmine ne ce fît pas attendre ..

Mes paroles étaient faciles, lorsque je n'avais pas son visage enragé à moins d'un mètre de moi. Quand la porte avait volé aux éclats, je fus expulsée en arrière... ou peut-être la peur avait-elle paralysé mes jambes jusqu'à les faire démissionner. Je me rattrapai sur mes paumes, et mon épaule renversa ma poubelle en la heurtant. Une imposante silhouette cachait l'entrée. Jamais je n'avais vu Morgan ainsi. C'est vrai... celui qui d'habitude était distant, incertain de ses gestes et de ses dires, hésitant, presque craintif. Là, c'est un homme enragé qui se tenait devant moi. J'ignore si c'est le fait que j'étais presque allongée sur le sol et lui était debout qui faisait qu'il paraissait grand, et dangereux, mais c'était le cas. La seule lampe qui était allumée dans la pièce se trouvait sur ma droite, et la lueur créait des ombres angoissantes sur la moitié de son visage. Du côté éclairé, sa peau semblait encore plus pâle que d'habitude. Anormalement pâle... presque translucide. Si mon regard n'avait pas été absorbé par ses yeux plus rouges que naturels, ils auraient sans doute pu voir des reflets bleuâtres ou violets. Mais ses yeux - ou plutôt l'oeil que je voyais, l'autre étant plongé dans l'obscurité - reflétaient une telle rage, un tel pétage de plomb, une telle

de vengeance que je vis y biller comme un rubis liquidifié.

Il cracha un flot de parole interminable.

" Tu ne sais strictement rien de ce que j'ai vécu, j'aimais ta mère et elle m'aimait aussi ! J'ai traversé l'enfer pour elle, comme pour toi ! Tu n'as en aucun cas le droit de parler en son nom et n'oublies pas que sans moi, elle ne serait plus la seule à n'être plus de ce monde à l'heure qu'il est ! Tâche de t'en souvenir avant d'oser t'adresser à moi de cette manière ! "

Si mon cœur battait la chamade deux secondes avant qu'il eut commencé à parler, il s'arrêta net quand j'entendis sa voix grave et énervée. C'était comme si un poids venait de se poser sur mon corps, comme s'il me faudrait toutes les peines du monde pour faire le moindre geste. Son timbre vibrait à travers moi, faisant trembler tous mes membres. Mes yeux levés vers les siens, je supportais son regard inhumain. Ses pupilles dilatées, ses lèvres qui ressortaient sur son teint de marbre. Ses dents, blanches, tranchaient elle aussi avec la couleur de ses lèvres et de ses yeux. En baisant mon regard, ne pouvant combattre plus longtemps cette envie de m'enfuir, tout en étant coincée dans un corps paralysé par la peur, je ne vis pas ses canines allongées qui étaient parfois rendues visible lorsqu'il prononçait un certain mot.

Lorsqu'il eu fini sa tirade, un silence pris majestueusement place dans la maison. Dans la rue... et il semblait que le monde s'était arrêter de tourner. Seuls survivaient deux humains. Lui, dont la position et l'accès de rage le rendait inhumain, et moi... tétanisée par sa force. Je ne m'étais pas relevée. Je n'osais pas. Au moindre mouvement, il me semblait qu'il se ruerai sur moi. J'avais envie de fuir, comme fuiraient les brebis devant un loup en chasse. Un instinct animal, le même que sur le porche. Celui à qui, pour la première fois, je donnais raison. Cette maison me rendait folle. Folle à un tel point que je croyais qu'il m'attaquerai. Mais ses yeux, indéniablement rouges, suivaient chacun de mes gestes.

Le monde sembla se remettre à tourner lorsqu'un fin murmure traversa mes lèvres. Une phrase tellement simple, tellement lourde de sens, tellement humiliante pour moi. Une phrase qui signifiait que je pliais le genou devant la peur. Et ce sentiment ne me quitterait pas d'aussi tôt.

" Très bien, je me tais. "

Car je craignais déjà sa réaction.

Toute la soirée n'avait été qu'un va et vient de sentiments opposés s'entremêlent par vagues successives, laissant parfois une timide onde de calme qui précédait toujours le cataclysme sentimentale qui n'était que la résultante d'un esprit profondément perdu et torturé.
Pourtant, cette fois, la tempête ne s'arrêta pas là. Le visage terrifié de sa fille n'eut pas plus d'effet que le souffle d'un homme sur une montagne que l'on veut faire s'effondrer.
Prît par la folie il avait une violente envie de sang, de sang chaud. Face à lui une proie si facile à attraper, elle était si faible et son cœur qui palpitait à toute vitesse ne pouvait rendre l'acte que plus simple. Juste un peu, une simple gorgée, rien de plus, rien de moins. Après tout, sans lui, elle serait morte depuis bien longtemps, elle pouvait bien faire ça pour lui.
Il s'approcha d'elle avec un sourire qui faisait de lui, en apparence, un autre homme, un monstre. Il avait cette envie de jouer, cette fureur, cette passion, cette envie de tuer, de boire, de vivre à travers la mort.
Il lui saisit les deux bras et il la balança à travers la petite chambre de manière à ce qu'elle reste consciente, car oui, il fallait qu'elle reste éveillée c'est plus drôle ainsi.
C'est alors qu'une part d'humanité revint en lui. L'homme qui avait lutté toute la soirée pour faire taire le monstre et donner un sens à l'être humain reprit le dessus et cette petite voix le fît reculé et s'effondrer sur le sol. *C'est Ma fille !!!!!!*

-Non, que .. Qu'ai-je fait ?

Dans un mouvement de panique, sans réfléchir et sans oser porter le regard sur sa fille, pensant qu'il ne pouvait lui faire que plus de mal, il quitta la pièce à genou, tremblant de tout son être. Une fois dans le fin couloir il se mît à courir aussi vite qu'il le pu afin de rejoindre le fond de sa cave.

Sa silhouette s'approchait de moi. J'avais avoué. J'avais renoncé à lui tenir tête, et mon seul espoir maintenant était qu'il parte en claquant la porte (chose qui était momentanément impossible, étant donné que le battant était par terre, miraculeusement encore en un morceau). Mais au lieu de réaliser cet espoir fou, de se retourner et de partir, il avança sur moi, un rictus malsain barrant son visage. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Bien que je ne le connaissais que depuis peu, et qu'il ne m'avait toujours paru bizarre, jamais je n'aurais imaginé une scène pareille. Lui dans le rôle du monstre, moi dans celui de la victime. Comment en étions-nous arrivés là ? Une simple dispute. Une simple dispute qui avait pris de l'ampleur, jusqu'à atteindre le statut d'exécution. Et cette fois, une petite voix à l'intérieur de ma tête ne me dit pas d'arrêter d'exagérer les choses !

Tout se passait au ralentit, et pourtant, c'était encore trop rapide pour que mon esprit puisse suivre l'évolution des faits. Avant que je n'aies compris qu'il m'attrapait les poignets, je me retrouvai à l'autre bout de la pièce, ma tête se cogna au le montant du lit. Retombant violemment sur le sol, je n'avais pas encore crié. Ça s'était passé trop vite pour que mes cordes vocales sachent qu'elles devaient se surpasser. Je demeurai immobile sur le planché de ma chambre, plus ou moins allongée sur le flanc, trop sonnée pour exécuter le moindre geste. Mes yeux étaient rivés sur le sol, où les pieds de Morgan se dépassaient mutuellement à un rythme régulier, et lent. Chaque pas raisonnait plusieurs fois dans ma tête, et alors qu'il entamait de dépasser le dernier mètre qui nous séparait, un cri aigu comme jamais au part avant s'échappa de ma gorge. Il n'avait pas été très puissant, mais c'était tout ce que mes cordes vocales pouvaient donner pour l'instant. Je m'admis gravement que j'aurais dû écouter ce fameux instinct animal qui m'ordonnait de m'enfuir à chaque fois que j'approchais de Morgan. Je n'en aurais pas été là aujourd'hui. Qu'allait-il faire ? Me battre à mort ? Personne n'aurait été si près d'accomplir le dernier acte, et lui ne semblait pas prêt de s'arrêter là.

Me surprenant une fois de plus, c'est ce qu'il fit. Il cessa son approche lente et solennelle, et déguerpi plus vite que jamais je n'avais vu quelqu'un se mouvoir. Ses gestes étaient flous et je crus voir une forme trébucher sur la porte, puis s'effacer. Il était parti...

Il me fallut plus d'une minute pour revenir à l'instant présent. Je m'étais repassée tous les évènements de la soirée dans la tête, et quelques évidences s'étaient clarifiées : premièrement, Morgan, mon père, était de loin l'être le plus bizarre et le plus mystérieux que je n'avais jamais pu imaginer. Deuxièmement, il ne fallait pas jouer à la plus maligne avec lui. Troisièmement, il avait été sur le point de me tuer il y a environ une minute. Quatrièmement... Il avait eu l'apparence d'un monstre. Mais ça c'était accessoire. Cinquièmement, il fallait que je parte d'ici. C'était évident.

Je pris quelques respirations, puis tentai de bouger. Ça... pouvait aller. Je n'avais rien de cassé : * merci maman pour mes os durs *. Mes tempes s'excitaient et je sus que dans peu de temps, peut-être à mon prochain réveil, peut-être avant, mon crâne me ferait souffrir. Je devais réfléchir tant que je le pouvais encore. Où irai-je ? Dans tous les cas, je devais sortir de la maison. Je me levai, fus prise d'un puissant vertige qui se dissipa heureusement vite, cherchai après ma lampe de poche (toujours utile lorsqu'on sort de nuit), attrapai mon manteau et sortis dans le couloir. Ce n'étais pas pour moi de descendre par la fenêtre, d'autant plus que je ne l'avais jamais fait, et que ce serait folie dans le noir, et dans mon état. Restait plus que de prier pour que Morgan ne sorte pas de sa cave.

J'essayais de faire le moins de bruit possible, même si c'était plutôt peine perdue : je me tenais à ce qui pouvait servir de soutien pour ne pas tomber, et je me contentai bien vite de pouvoir marcher normalement, bruit ou pas bruit. En sortant, je ne fermai pas la porte, et marchai jusqu'au trottoir. Et maintenant ? Mon regard balaya les environs. J'aurais aimé pouvoir me réfugier chez Aspen, mais le refuge des Quileutes était trop loin, et il n'y avait plus de bus à cette heure-ci. Quelle poisse d'habiter dans une région où on ne connaît presque rien ni personne ! Il me fallait une idée, quelque chose qui ferait bien ch*er Morgan, quelque chose qui était assez loin pour que je puisse ne plus le craindre, ou quelque chose qui était assez insensé pour qu'il n'aille pas me chercher là-bas.

Le poste de Police ? Je ne savais même pas où il était ! Le bon sens avait essayé de m'aider, mais ce ne serait pas pour cette fois. C'est alors qu'une autre idée vint effleurer mon esprit. Quelque chose de fou, quelque chose de profondément stupide, quelque chose de parfait.

" Tu ne dois pas partir seule en pleine nuit, surtout pas dans la forêt, tu m'entends ? " avait-il dit. C'était parfait. Une revanche personnelle, quelque chose pour me prouver que l'excès de colère de Morgan n'avait pas dompté ma folie, ma fougue.

C'est avec un but nouveau que je descendis la route pour pénétrer la forêt de Forks. Cette sombre et douce forêt...

[Suite dans ce sujet]

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