Arrivée clandestine au port

L’aube se lève sur Alberta. Le soleil encore fébrile, viens juste de pointer le bout de son nez, inondant la ville de ses rayons d’aurores. La lumière rose se propageant sur la brume baignant la cité, laissait place à un magnifique spectacle…

Spectacle que Skorm n’avait pas le loisir de contempler ; il faisait froid (oui, à 6 heure du matin il fait froid), surtout dans ses vêtements de fortunes. Contre le vent frais de la mer, sa tunique retroussée, et son pantalon rapiécé ne suffiront pas.

Qu’importe ! Il vient de s’extirper de justesse du navire qui l’amena jusqu’ici, en échappant à la milice du port sans grandes difficultés, à sa grande et joyeuse surprise. Et le voila à présent, assis sur un container, à observer la ville et ses habitants, s’activer à une heure si matinale sur le port d’Alberta. Les marchands s’affairaient à leur petit commerce, les marins s’occupaient de charger et décharger leurs navires, les poissonniers attendaient avec impatience leur prochaine livraison. Et tous ces autres hommes libres travaillant durement pour quelques sous et la survie de cette liberté, impressionnaient le jeune esclave affranchi.

Pas le temps de se reposer sur ses lauriers ! Le clandestin avait peut-être évité les autorités chargés de vérifier la légalité des navires, mais en s’échappant par la grue, montant sur un container survolant le port, il n’a pas pu passer inaperçu, et les marins déchargeant le navire se sont aperçut de sa présence. Il n’a ni papier, ni personne sur qui compter, s’il se fait prendre c’est la fin. Il ne vaut mieux pas trainer dans les parages, s’il tient à sa liberté.

Le problème c’est qu’il n’a nulle part ou aller… devoir se débrouiller tout seul dans la nature sauvage des hommes n’est pas une mince affaire pour un esclave habitué à sa cage. Peu importe, il faut s’éloigné du port, et vite !

Sortant de ses songes, le jeune homme descendit délicatement de son perchoir. Une fois atterrit, les pieds sur la terre ferme, il s’apprêtait à s’éloigner d’ici le plus vite possible, quand il entendit quelqu’un s’approcher en l’interpelant. Il hésita, puis se retourna, près à détaler à toute vitesse…

Aïko marcha dans le port, vérifiant les papiers des marchands, même si elle savait bien que les bateaux n'arrivent pas si tôt exceptés quelques marchands du Nord. Elle profita du magnifique spectacle que lui offrait la nature; un lever de soleil de rêve... Soudain, elle se sentit légère et heureuse. Elle repensait à ses années d'enfance, à sa mère et à Danao... Ils lui manquaient beaucoup plus qu'avant.
L'arrivée du premier bateau chassa ses pensées, et elle décida de se remettre au travail, mais un peu plus loin, elle aperçut un jeune homme. Ses habits étaient déchirés et sales, ses cheveux un peu décoiffés et il avait une petite tache sur sa joue gauche3...

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Ellana marchait au hasard, perdue dans ses pensées. La veille au soir, elle et sa troupe avait donné leur première représentation sur la place d'Alberta. Son numéro de voltige s'était déroulé sans anicroches. Au moment où elle posait les pieds sur la corde après un salto arrière, elle avait surpris le regard admiratif d'une jeune fille de son âge à la peau légèrement foncée...

Tiens, elle était justement là, quelques mètres plus loin! *Et si j'allais lui parler?* songea-t-elle. Elle chassa rapidement cette idée saugrenue de son esprit. Elle ne resterait probablement que quelques semaines, voire quelques mois dans cette ville. Une jolie petite ville portuaire qui lui plaisait d'ailleurs assez. Elle aurait sans doute mal au coeur en la quittant...

Soudain, elle fut bousculée et tomba en avant. Une main ferme la rattrapa. Lorsqu' Ellana leva les yeux,elle vit la jeune fille de la veille. *Mince!pourquoi justement elle?* Elle maugréa un rapide "Merci!" et s'apprêtait à partir mais la demoiselle avait déjà engagé la conversation...

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Aïko marchait très vite, toujours en observant le jeune garçon. Soudain, elle se retrouva nez à nez devant une jeune fille très étrange qu'elle avait déjà vue quelque part. Mais ils ne restèrent pas nez à nez, car Aïko n'avait pas eu le temps de ralentir et bouscula l'acrobate qu'elle avait applaudit le soir précédent au cirque. *Mais oui, c'est bien elle* pensa-t-elle en reconnaisant les yeux intenses qu'utilisait l' acrobate. Elle n'hésita pas une seconde et aida l'acrobate à se relever. Elle s'excusa d'un ton désolé avant que la fille la remercia gentiment.
- Vous ai-je déjà vu quelque part? demanda-t-elle même si elle était sûre de son identité...

Skorm, les jambes fléchis, tous les sens à vifs, s’étaient apprêté à bondir au moindre danger. En tournant légèrement la tête, il vit que ce n’était rien d’autre qu’une jeune fille rêveuse, pourtant il aurait juré avoir entendu des cries se dirigeant vers lui… Il n’allait pas s’en plaindre.

Il s’est redressé de toute sa hauteur. Bien qu’il soit plutôt petit, il tentait de se tenir droit et de se faire humble, espérant qu’on le regarde autrement qu’un vulgaire chat de gouttière. Car c’était bien l’impression que lui donner le regard insistant de la jeune fille. Une vulgaire bête de foire. Quand allait-il vraiment devenir quelqu’un ?

Il continua à soutenir son regard, tel un chat de ses yeux perçants, jusqu’à ce qu’elle se détourne de lui. Cela n’a pas tardé : elle a continué à marcher, puis au bout de quelques pas, s’est confrontée à un obstacle : une autre fille de son âge. Le jeune homme trouva la scène fort comique, un petit sourire animant son visage. Puis il se demanda ce qu’il faisait là, à s’amuser de la maladresse des autres. Il n’avait pas de temps à perdre ! Il se détourna donc, d’un pas vif, mais n’eut pas l’occasion d’en faire plus…

Droit devant lui, à quelques mètres de là, trois hommes armés chacun d’une matraque accourraient. Ils étaient grands, et semblaient taillés dans la pierre. Leurs muscles saillants ressortaient à travers leur veste de marin. À y regarder de plus près ils ne ressemblaient pas à de simple matelot, mais plus à des contrôleurs, en beaucoup plus violents. Ils n’avaient pas l’air très commode, et semblaient en avoir après le petit clandestin. Ils devaient l’avoir aperçut s’échapper furtivement du navire…

*J’suis fichu !* pensa-t-il.
D’un bond, Skorm fit demi-tour, se lançant dans une course effrénée, sous le regard sidéré de deux jeunes filles. Ils se trouvaient dans une espèce de couloir, entre deux rangées de container. Les trois brutes arrivaient par derrière, il lui fallait absolument sortir de là. Sans réfléchir il se mit à courir le plus vite possible, mais il n’eut pas le temps d’aller bien loin…

Deux autres marins, tout aussi baraqués, étaient apparus de l’autre coté, ils s’approchaient en courant. Skorm se retourna, et vit rapidement qu’il était pris au piège, entre les colosses d’une part, les containers de l’autre. Son regard se posa sur les jeunes filles innocentes. Mais se détourna rapidement. Pouvait-il vraiment les prendre en otage ?
Qu’allait-il bien pouvoir faire ?…

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Ellana était quelque peu intriguée. La jeune fille qui l'avait admirée la veille feignait de ne pas l'avoir reconnue. Pourtant, une légère hésitation dans sa voix l'avait trahie...
Enfin bref, la jeune fille lui avait posé une question et Ellana s'apprêtait à y répondre quand elle remarqua un mouvement à sa gauche, là ou la fille se trouvait quelques minutes plus tôt.

Un jeune homme pouilleux passa en courant a côté d'elles. En regardant plus attentivement, elle s'aperçut que trois hommes massifs le poursuivaient. *Celui là, il est dans un sacré pétrin ! Des gaillards comme ceux-là, ça n'a aucune pitié. Le pauvre.* Il avait vraiment besoin d'aide.

Ellana fit un signe à la fille et,sans regarder si elle la suivait, elle s'élança vers le jeune homme. Il était en mauvaise posture, coincé dans une allée bouchée de chaque côté par les brutes.Elle compta 5 gars.

Elle prit son courage à deux mains et une grande inspiration. "Hep, messieurs! Qu'est ce que cet homme vous a fait de mal? N'avez vous donc rien d'autre à faire que d'arpenter lâchement les rues du port en harcelant les braves gens?!"

Aïko ne savait ce qu'il était en train de se passer. Cinq gros types poursuivaient le jeune homme, mais l'acrobate cria quelque chose. Aïko était trop perdue pour comprendre, elle n'arrivait pas à se concentrer et sentit son coeur battre dans sa tête. Tout, à coup, elle se sentit faible et impuissante, comme si quelqu'un avait tout éteint, comme si quelqu'un avait enlevé ses forces, ses puissances. Elle ne voyait plus rien, avait la tête qui tournait et n'avait toujours pas compris ce qu'il se passait. Ses jambes ne tenaient plus son poids, et très vite, elle s'écroula sur le sol, alors qu'un gros type se retourna vers l'acrobate...

*Dans quoi je m'suis encore fourrée bon sang?!*
Ellana venait d'apostropher les 5 hommes. Non,pire que ça, elle les avait insultés. Sur un coup de tête, comme ça, sans réfléchir. Quand apprendrait-elle à se contenir? Elle était beaucoup trop impulsive!

Et maintenant, elle avait un problème supplémentaire. Après avoir parlé, elle s'était tournée vers la jeune fille, juste à temps pour la voir s'écrouler au sol. Ellana était perdue, et elle devait faire un choix très vite: un des marins avançait dangereusement vers elle. Se défendre tant bien que mal ou venir en aide à la jeune fille évanouie?

Elle choisit de mêler les deux. Elle se plaça devant le corps étendu, en lui faisant un rempart de sa personne. Les marins,eux, avaient complètement oublié le misérable inconnu et ne souciaient plus que d'elle. Elle attendait, tous ses sens à vif, le début de la bagarre. Il s'écoula quelques secondes durant lesquelles ils se dévisagèrent en silence. Puis, le plus basé des marins s'approcha d'elle et tenta de la frapper. Alors, Ellana oublia tout, de la jeune fille étendue au jeune homme responsable de tout ça. Elle esquivait les coups avec souplesse mais se sentit très vite épuisée,à bouts de force,incapable de résister.
Une voix s'éleva dans son dos et la bagarre se stoppa, comme suspendue dans le temps.

-Que se passe-t-il ici ?. C'est cette phrase qui avait tout arrêté, qui avait tout éteint, qui avait tout immobilisé, qui avait tout interrompu et qui avait paralysé les gens qui avaient osé s'approcher autour de l'acrobate et ses grands adversaires.

La voix était très douce, mais très méfiante. Elle tremblait un peu, pas assez pour s'en rendre compte et était très rassurante pour Aïko. La voix masculine lui donnait assez de courage et elle décida de se relever, ou du moins d'essayer, car elle sentait toujours l'impuissance et la faiblesse qui redressait les petits poils dans son cou traverser son corps.

C'est alors que Zuyo vit sa frangine, essayant de se relever et n'hésita pas à l'aider tout en fusillant un des rivales de l'acrobate du regard. Aïko ne voulait pas d'aide et repoussa doucement son frère.
-C'est bon, ça ira.articula-t-elle d'un ton sec. Elle ne voulait en aucun cas montrer ses faiblesses ou ses défauts. Elle détestait ça.

Elle regarda l'acrobate dans les yeux et lui fit un petit sourire, pour la remercier. Elle ne savait pas de quoi, car elle ne comprenait toujours pas ce qu'il se passait, mais au fond de soi-même, elle savait que la jeune fille l'avait défendue. La seule chose qu'elle comprenait, c'est qu'elle était tombée dans les pommes. La foule se dispersa lentement et les hommes avaient disparus.

Tout c'était déroulé très rapidement. Une rafale. Un coup de vent.
Skorm s'était fait encercler tel le novice qu'il était. Et pour couronner le tout, il ne savait pas se battre.

Il lui fallait prendre une décision, trouver une solution. Et vite !
Les seules possibilités, il les avait trouvés dans les deux demoiselles près de lui. Elles qui n'avaient rien demandé, pour se retrouver là.
La liberté n'avait pas de prix pour l'ancien esclave. Aussi, il était prêt à tout.

Pourtant il était bien loin du compte...
A peine eut-il le temps de réfléchir, qu'une des dames se mit en action. Dames, si j'ose dire... C'était une jeune adolescente, 17 ans environ. Elle semblait plutôt athlétique, et très téméraire et audacieuse. Elle s'est jetée dans le tas. Littéralement.

"Hep, messieurs! Qu'est ce que cet homme vous a fait de mal? N’avez-vous donc rien d'autre à faire que d'arpenter lâchement les rues du port en harcelant les braves gens?!"

Dans une grande inspiration, elle avait pris sa défense, les avait provoqué, et même avait qualifié le piteux vagabond de "brave gens".
Etait-ce là, le comportement d'une femme libre ? Skorm ne comprenait rien, mais il trouvait la situation plutôt agréable dans le fond. Ce devait être la première fois de sa vie qu'on lui venait en aide.

Tandis qu'il se perdait dans ses pensés, la deuxième adolescente chancela et s'effondra sur le sol. Avait-elle perdu connaissance ? Elle semblait beaucoup plus fragile que la première fille. Beaucoup moins habillée également. Sa peau indienne luisait sous le soleil matinal. Sa nudité donna des frissons au jeune homme, lui rappelant à quel point il faisait frais dans ce port.
Sans hésitation, son amie se précipita pour la protéger des brutes qui n'hésitèrent pas à oublier leur première proie pour s'attaquer à celles qui les avaient insultés. Les talents de l'athlétique jeune fille étaient épatant, c'était indubitable, elle savait se battre.

C'était une formidable diversion qui s'offrait là à Skorm. En d'autres circonstances, il l'aurait saisit à la première occasion. Mais cette situation avait quelque chose de spécial. Il venait de se faire sauver la vie. Ou du moins la liberté, ce qui à peu de chose près était la même chose pour lui. Il ne pouvait pas les abandonner. Il se résigna donc à leur apporter son soutient.

* C'est le moment de faire preuve d'un peu de courage * Se disait ce dernier.

D'un pas déterminé, il se hâta vers les demoiselles pour les soutenir, quand soudain, il fut interrompu dans son élan, par une forte voix masculine... "Que se passe-t-il ici ? "

C'est alors que le combat s'est arrêté. Tous les protagonistes ont cessé de bouger. C'était comme si le temps s'était arrêté. L'homme qui avait prononcé cette dernière phrase vint en aide à l'indienne. Ils semblaient bien se connaitre. Puis les cinq brutes s'écartèrent lentement, gardant un œil sur leurs ennemis.
Skorm ne comprenait rien, mais n'allait pas s'en plaindre. Il se dirigea délicatement vers les jeunes filles, et bafouilla quelques mots. A vrai dire, c'était les premiers qu'il prononçait depuis très longtemps.

"Merci. Je... Je sais pas comment remercier vous. Je comprends pas pourquoi vous aidez moi. Je peux aider vous ?"

HS : enfin !!!! J'l'ai fini ! A l'arrache ce matin ! Avant de partir voir mes grands-parents ! Désolé pour les fautes ! Je corrigerais la prochaine fois que je me connecterais ! Bisous les filles ! :p

"Merci. Je... Je sais pas comment remercier vous. Je comprends pas pourquoi vous aidez moi. Je peux aider vous ?"

Tout était fini et Ellana était soulagée. Aujourd'hui encore, elle avait pris un gros risque en se frottant à ces gaillards. Sans l'intervention d'un jeune homme autoritaire, elle y serait peut-être restée. Il avait lancé une phrase, une seule, et cela avait suffi à coller la frousse aux 5 bandits qui avaient détalé comme des lapins.

Ensuite, il avait regardé la jeune indienne et avait eu l'air de la connaitre. Il avait voulu l'aider à se relever mais elle l'avait repoussé du regard. Tout comme Ellana, elle avait apparemment un caractère bien trempé. Ca lui plaisait beaucoup, à Ellana.

Elle s'était approchée de la jeune fille pour l'aider à se relever mais le temps qu'elle soit à ses cotés, elle s'était déjà péniblement redressée. Elle avait souri à Ellana, un petit sourire qu'elle avait interprété comme un "merci!".

Et puis, cette phrase:"Merci. Je... Je sais pas comment remercier vous. Je comprends pas pourquoi vous aidez moi. Je peux aider vous ?" C'était le misérable jeune homme qui s'était attiré des ennuis et lui en avait attiré aussi par la même occasion. Elle était un peu surprise de sa question. "Je comprends pas pourquoi vous aidez moi." Cela lui avait semblé tout naturel de venir à sa défense. Qui aurait été assez lache pour rester à regarder sans rien faire? *Bien sur que les gens sont capables de rester sans rien faire!*Après tout, ils sont restés là à admirer le "spectacle" sans essayer de nous séparer!* Pensa-t-elle, agacée par ces gens totalement immatures, qui se régalaient de ce genre de bagarres.

Et puis zut! Elle n'allait pas laisser ces idiots gacher sa journée et sa rencontre avec deux nouveaux amis potentiels. Elle s'avança discrètement vers une carriole remplie de fruits, abandonnée là par son propriétaire qui bavardait quelques pas plus loin. Elle la contourna, se pencha et fit précipitemment jaillir son bras vers la charrette. Lorsqu'elle se retourna vers les deux jeunes gens, elle tenait trois pommes dans ses mains. Elle en tendit une à chacun et mordit dans la sienne à pleine dents.

"Toutes ces émotions ça creuse hein! Pas vrai?" Jeta-t-elle malicieusement.

-Crunch!

Aïko mordait bruyamment dans la pomme et lança un regard remerciant à l'acrobate. Il y a quelques minutes, elle la reconnaissait déjà un peu, mais là elle était sûre, c'était bien la fille du cirque. Elle reconnaissait surtout les chaussures qu'Aïko trouvait un peu bizzares mais aussi les beaux yeuux de la jeune fille. L'acrobate était vraiment très courageuse aux yeux d'Aïko. Soudain elle se rendit compte qu'elle était vraiment lâche.*J'aurai au moins pu faire quelque chose pour aider l'acrobate. Pas pour aider le jeune garçon bien sûre*Pensa-t-elle. Elle se reprocha d'être aussi méchante avec ce jeune garçon qui n'avait rien fait de mal. Elle se promit d'être plus gentille et se souvint de ne pas s'être présenter devant les deux personnes à qui elle faisait face.

-Je m'apelle Aïko

Lança-t-elle d'une voix grave. Elle fit surprise de sa voix elle-même. Elle tendit une main forte à l'acrobate qui la regardait avec de grands yeux émeraudes.

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Skorm comprenait encore moins qu'avant. C'était la première fois qu'il expérimentait la compassion, la gentillesse, et la solidarité. C'était une chose nouvelle pour lui, une chose qu'il ne comprenait pas.

Il était aussi surpris que méfiant, inspectant la pomme qu'il venait de recevoir. Celle-ci n'avait rien d'anormal, au contraire, et le jeune homme était bien trop affamé pour resister à la tentation. Sans se faire attendre il croqua avec gourmandise dans la pomme.
Il restait toujours un peu à l'écart, trop différent d'une société qu'il ne pouvait encore comprendre. Il savourait sa pomme en observant les deux jeunes filles, discuter et se présenter. Elles semblaient à la fois si jolie et si gentille.

L'ancienne esclave commençait vraiment à apprécier ce comportement, quelque soit le nom qu'on lui donnait, il trouvait ces rapports humains très honorables.
Il était curieux, très curieux de découvrir la suite de l'histoire qui l'attendait en ce lieu. Il s'approcha de ses deux salvatrices, en tenta d'entrer dans la conversation.

" Je m'apelle... euh... Il réfléchit un instant... Skorm ! C'est mon nom, oui ! Je viens de loin... très loin. "

Tiens, personne n'avait réagi par rapport au vol des trois pommes ! Ellana en était contente car des personnes trop maniérées et strictes qui nauraient pas voulu d'un pauvre petit fruit volé à l'instant ne lui auraient pas plus. Elle n'aimait pas les gens coincés. Et puis, si le marchand avait surveillé ses fruits, au lieu de converser bêtement avec un ami, il ne se serait pas fait lester de trois pommes *Je ne suis pas en tort dans cette histoire !* songea-t-elle, toute heureuse de la justification qu'elle venait de dénicher à son comportement. Ellana finissait toujours par inventer une raison de se soustraire à une quelconque culpabilité et trouvait tout normal de dérober quelque chose si l'occasion s'en présentait. Bon, au fond d'elle, elle se doutait bien qu'il y avait quelque chose de mal dans ce qu'elle faisait mais..Quelle importance?

Elle regarda donc les deux jeunes manger leur pomme en souriant, sans oublier de dévorer la sienne. Ils étaient bien là, et personne ne parlait, mais Ellana attendait que quelqu'un fasse la démarche de se présenter. Après tout, elle s'était déjà chargée de les sustanter.
L'indienne sembla comprendre le souhait d'Ellana et s'avança pour déclarer d'une drôle de voix, très grave, qu'elle s'appellait Aïko. Elle était très sympathique et Ellana se mit à discuter avec elle. Elle lui raconta un peu sa vie, le cirque et les voyages dans le grand monde. Elle était assez fière de pouvoir raconter cela à quelqu'un. Elle avait même l'impression de voir les yeux d'Aïko briller.

Sans s'en rendre compte, elle se rapprocha de la jeune fille et en même temps, le pauvre jeune homme s'effaça. Lorsqu'elle en prit conscience elle se sentit navrée et voulut réparer son acte. Elle s'apprêtait à lui demander son nom lorsqu'il se rapprocha d'elles et dit: "Je m'appelle... euh... Skorm ! C'est mon nom, oui ! Je viens de loin... très loin. " Elle avait hâte de savoir qui il était et comment il était arrivé ici. Elle avait l'impression que l'histoire de ce jeune homme n'était vraiment pas commune...

Elle fixait toujours les beaux yeux émeraudes que l'acrobate lui montrait.
Ses yeux étaient une carresse pour la deuxième paire d'yeux qui la regardait, c'est-à-dire celle d'Aïko. Elle lui racontait l'histoire de sa vie, sans trop savoir à qui elle parlait.*Quelle délicieuse pomme* Dans ses yeux on pouvait lire son histoire. Des images, mais des images vagues, pour qu'Aïko puisse rajouter une pincée de son imagination, comme dans un livre. Elle apprenait ainsi que l'acrobate avait fait beaucoup de voyages au lieu d'apprendre son nom. Elle apprenait ainsi que la jeune fille était dans un cirque, au lieu d'apprendre qui elle était vraiment. Puis, le jeune homme, après avoir croqué sa pomme, lança

- Je m'appelle... euh... Skorm ! C'est mon nom, oui ! Je viens de loin... très loin.

Skorm. C'était son nom. Tout simplement Skorm. Pas plus ni moins. Ses habits déchirés la faisaient penser à vulguaire mendiant. Certaines personnes n'oseraient pas le dire, ni le penser. Mais Aïko osait le penser. Elle lui aurait dit si on ne lui avait pas appris les bonnes manières, malgrés les comportements plutôt étranges de sa bande de frangins. Son allure farouche plaisait à Aïko, mais les petits poils sur son menton pointu étaient moins attirant. C'était marrant comment l'hésitation et la timidité s'entendaient dans la phrase.

-Aïko, répéta-t-elle. Elle regarda la fille d'un air ''Moi-je-me-suis-présentée-à-toi-maintenant''.
- Aïko

Ellana s'insulta intérieurement. Quelle sotte alors ! Elle avait raconté sa vie à Aïko mais ne lui avait pas dit son nom !!! Quelle belle andouille elle faisait...
Elle regarda Aïko et Skorm et leur dit simplement: "Je m'apelle Ellana. Si vous voulez, vous pouvez m'appeller Ella, ou Lana"
Puis, elle se tourna vers Skorm et lui adressa un sourire et une phrase: "Et toi, si tu nous disais d'où tu viens?!"

Skorm prit le temps de finir sa pomme sous le regard interrogateur de l'acrobate. Ce ne fut pas bien long. une fois qu'il ne resta plus du fruit qu'un minuscule trognon rongé qu'il jeta, le jeune homme s'essuya les mains sur sa tunique, redressa la tête, et improvisa une réponse.

"Mhh, J'ai pas l'habitude de me confier..."

Il eut comme le pressentiment que cette phrase allait jeter dans le petit groupe qui venait de se créer. Il le savait, cela ne leur ferait pas vraiment plaisir. Sans plus attendre, il enchaina avant que l'on puisse voir la moindre expression sur le visage des demoiselles.

" ...Mais, j'ai pas l'habitude non plus de rencontrer des gens en qui je peux avoir confiance... "

C'est ainsi qu'il commença le récit de son voyage qui l'avait amené jusqu'à Alberta, en évitant certain sujet, comme son esclavage. Il ne pouvait se permettre de dévoiler qu'il était un fugitif. A vrai dire, il ne rendait pas cette histoire vraiment captivant. Pourtant le mystère qui entourait le personnage semblait intéresser les jeunes filles.
Il racontait qu'il voyageait de ville en ville, de région en région, en essayant de trouver son chemin.

" Je sais pas depuis combien de temps ça dure. Je crois que ça a toujours été comme ça. J'ai pas connu mes parents, j'ai toujours été très seul. Disait-il en baissant la tête, dépité.
Mais j'ai l'espoir que ça change ici, à Alberta ! Et voila que j'vous rencontre... "

Skorm baissa d'un ton. C'était la première fois qu'il parlait face à face avec une fille, ou presque. Et à ce moment, il y en avait deux qui l'écoutaient très attentivement. Serait-il un peu timide ?
Quoiqu'il en soit, il ne faisait toujours confiance à personne d'autre qu'à lui même. Il restait sur ses gardes, attendant la réaction de ses deux interlocutrices.

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Alors voilà ! Skorm avait fini par se dévoiler un peu. Oh, un tout petit peu hein, il était resté très vague sur son passé. Ellana devrait s'en contenter pour le moment...

Maintenant que tout le monde s'était présenté, elle avait l'impression que leur mini groupe de trois allait vivre de bons moments ensemble. Elle se sentait déjà bien en confiance avec les deux adolescents.

Elle se dit qu'elle devrait provoquer un événement qui les lierait vraiment, à un endroit et un moment autre que celui-ci, afin qu'ils puissent prendre de la distance et faire le point sur leur nouveaux amis.
Elle pensa presque aussitôt à sa troupe. Elle fit aux deux jeunes gens un sourire engagant et leur dit "Vous savez, ce soir avec ma troupe, on va faire une représentation sur la place du marché. Vous pourriez venir me voir, non ? Enfin, si vous en avez envie bien sur...Mais bon, je dois partir maintenant, il faut que j'aille m'entrainer un peu. A ce soir peut-être..."
Elle s'éloigna après leur avoir adressé un grand sourire.

Skorm avait donc raconté un peu de choses sur lui. C'était bizarre qu'Aïko ait encore une fois tout écouté. D'habitude elle aurait lancé un regard désintéressé, mail là rien de tous ses airs prétentieux.

Soudain, Ellana avait l'air d'avoir une idée. Elle hésita un millième de seconde, mais dit finalement :

-Vous savez, ce soir avec ma troupe, on va faire une représentation sur la place du marché. Vous pourriez venir me voir, non ? Enfin, si vous en avez envie bien sur...Mais bon, je dois partir maintenant, il faut que j'aille m'entrainer un peu. A ce soir peut-être...

Aïko avait un peu perdu la tête. Avait-elle quelque chose à faire ce soir? Non. Avait-elle planifié quelque chose? Non. Avait-elle envie d'y aller, même si elle avai été hier? N... Oui, elle en avait envie. Elle avait soudain l'impression qu'elle conaissat Lana depuis des années. Un petit sourire se dessina sur son visage, et elle dit :

-Avec plaisir! J'ai envie de te revoir faire ces acroabties extraordinaires. A ce soir!

Aïko était très satisfaite. Elle salua ses deux nouveaux amis, et s'en alla en chantonnant un petit joyeux...

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Ses deux interlocutrices l'avaient écouté avec attention et curiosité. Elles avaient porté de l'intérêt à son discours. Et voila qu'à présent, Ellana l'invitait à son spectacle d’acrobatie le soir même.

"Vous savez, ce soir avec ma troupe, on va faire une représentation sur la place du marché. Vous pourriez venir me voir, non ? Enfin, si vous en avez envie bien sur...Mais bon, je dois partir maintenant, il faut que j'aille m'entrainer un peu. A ce soir peut-être..."

Serait-ce le début de l'amitié ? Non, pas si vite. Jusqu'à maintenant, l'homme n'avait éprouvé envers lui que du mépris, de la méchanceté, de. Cependant ces deux jeunes filles étaient loin d'être semblables aux vils hommes responsables de son ancienne servitude.

Il se devait de faire acte de présence ce soir. Et puis ce n'était pas comme s'il avait autre chose à faire. Il n'avait encore nulle part où aller. Peut-être, ses nouveaux compagnons accepteraient de l'aider...
Haha ! l'aider ? En voila une drôle d'idée, pour lui qui n'avait jamais connu que l'indifférence totale, qui n'avait jamais pu compter que sur lui même. La confusion régnait à présent dans son esprit.

Sans plus réfléchir, Skorm approuva instinctivement d'un signe de tête. Aussitôt, les jeunes filles se saluèrent, lui adressant également un petit sourrire, et toutes deux s'en allèrent de leur coté. Le jeune garçon n'eut pas le temps de poser la question qui trotait dans sa tête.
Le clandestin venait seulement d'arriver. Il ne savait ni où se trouvait la place marchande, ni à quelle heure il devait s'y rendre.

Il commença à marcher à travers la ville, ne sachant pas vraiment vers où il se dirigeait.

Suite :

???

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