Retrouvailles Familiales [fini]

J'avais noué l'écharpe à une boucle de ma ceinture, et fait de nombreux nœuds pour qu'elle ne pende pas trop bas. Elle semblait peser lourd. Pourtant, ce n'était qu'un vulgaire bout de tissus de couleur rouge, maintenant qu'il n'appartenait plus à personne. J'aurais bien voulu le jeter dans un dépôt, mais la crainte qu'un autre incapable aille le rechercher là-bas m'en empêchait. Je m'étais donc résolue à le garder sur moi, jusqu'à ce que quelqu'un le mérite. L'écharpe était remarquablement propre, pour ce que le garçon en disait. Pourtant on voyait quelques traces d'usure, le traitre avait sans doute prêté une grande attention à l'objet, et l'avait préservé comme le plus précieux des bijoux; ce qui me fit rire, car nos propres écharpes (celle de Shiro, et la mienne) étaient déchirées de partout, trouées, et plus brunes que vraiment rouge.

Après avoir fait un petit détour par une boulangerie pour déjeuner (pas question que je mange de ces poissons puants !), je repris donc mon chemin vers l'auberge où Shiro était sans doute encore. Mais lorsque j'arrivai au bout de la rue dans laquelle se trouvait le Roulin Mouge, je fus surprise. Oui oui, j'essaye de ne jamais l'être, mais tout de même... comment s'attendre à voir plusieurs dizaines de citadins à la réputation paisible sortir d'une auberge presque en courant, et en chantant, et en criant à la révolution ? Et pourtant... Je m'arrêtai, et regardai la populace me dépasser, excités comme des puces. Puis seulement je vis la silhouette familière de Shiro sortir, à peu près neutre, et un peu tâche par rapport aux autres. Je souris. Quelque chose dans la manière dont il marchait vers moi, et dans la manière dont les Albertiens avaient quittés l'auberge, me disait que nous ne quitterions pas cette ville avant un moment.

Lorsqu'il fut à ma hauteur, il articula :

" Tu viens de rater quelque chose de mémorable ! "

Je pouvais le croire ! Ce que j'en avais vu était déjà assez convainquant en soit, et je n'attendais que son récit, qu'il ne tarda pas à me confier. Ainsi donc, tout ce remue-ménage avait été provoqué par une simple servante ayant fui son maître. En général, je n'étais pas vraiment d'accord avec ce genre de causes : la servante appartient à son maître, point final. Que ce dernier décide de détruire son propre bien en la maltraitant n'est qu'une décision personnelle. Mais quand bien soit-il, il est vrai qu'elle reste humaine avant tout. Mais Shiro me parla de la perte de sa liberta : la malheureuse n'appartenait pas à l'homme qu'elle avait servie pendant une longue période : celui-ci l'avait seulement gagnée lors qu'un procès injuste. Je demandais pourquoi, et c'était simple : les règles à Alberta ne sont pas les mêmes que partout ailleurs. Etant donné que cette ville est la petite ville la plus proche de la capitale, les nobles Ponterins s'en servent de ressources gratuites. Lorsqu'il manque de serviteurs dans une riche demeure, ils viennent, provoquent un scandale, et la victime (ou leur agresseur) termine sa vie à leur service (car l'idée de les affranchir ne leur vient pas, bien sûr).

Ces circonstances là me ne laissaient pas de marbre, et même si l'excitation des citadins me paraissaient un peu primitives, je pouvais les comprendre. Shiro me conta le discours de l'aubergiste et la motivation inespérée des habitants d'Alberta. Ainsi que leur peu de chance de réussir à même se libérer de l'emprise des nobles dans leur propre ville. Ce n'étaient pas des soldats, ni des guerriers, et la plupart ne s'était jamais battus. Ses intonations me laissaient facilement deviner où il voulait en venir.

" Bien sûr qu'on restera, n'est-ce pas notre but ? Aider les gens victimes d'injustices... ça y ressemble du moins. "

En parlant, nous avions marché au hasard des rues, et même si j'évitais toujours l'endroit où j'avais laissé le faux-assassin, espérait ne pas le recroiser. Quoique, je ne le craignais pas : que pouvait-il ? Me demander à tue tête de lui rendre son bien ? Le pauvre fou n'était pas près d'avoir gain de cause. Je restais donc simplement sur mes gardes, tout ne pensant qu'à Shiro, son histoire et la révolte nouvelle.

Errant dans les rues, j'entendis des cris et des exclamations. Encore du remue-ménage ! Je n'en pouvais plus de la foule et du bruit.

Je décidai donc de m'adosser à un mur non-loin du port et - malgré la forte odeur de poisson émanant des quais - j'admirais la vue. J'aimais regarder l'horizon de la mer. Un horizon plein de promesses, de rêves. Mais tout cela ne me concernait plus. Plus maintenant !

J'étais stupide, je le savais, d'accorder a un simple vêtement une importance aussi grande, mais je ne pouvais m'empêcher de me dire que j'avais perdu mon identité. J'étais un Assassin dans l'âme. Je prenais plaisir a faire du travail bien fait, mais rechignais pourtant a tuer des innocents.

Serait-ce donc ça, l'honneur de la Guilde ? Mais mon honneur ressemblait plus a de l'amour-propre, ce qui - pour moi - ne faisait pas grande différence. Néanmoins, je remarquai que, perdu dans mes pensées, je n'avais pas vu où j'avançais. Je la reconnu tout de suite. ÉLÉANORA ! Mon premier réflexe fut de tirer mes lames. Puis je les rengainais. Cela ne servirait a rien. je ne devais pas me laisser emporter par mes sentiments vengeurs.

Ensuite seulement, j'avisai l'homme à côté d'elle. Écharpe rouge - ou plutôt rose pâle - autour du cou, dagues pendantes, un autre Assassin. Mais, outre ses habits, ce qui me frappa fût ses cheveux. Blancs ! Tout comme les miens ! Ce pourrait-il que . . . ? Après plus de 2 ans de recherches infructueuses ? Je tentais de contenir le flux d'émotions qui me submergaient. Calme ! rien ne prouvait que cet homme pouvait être être Shiro ! Ne pas se faire de fausses illusions. Mais pourtant, ses cheveux . . Et puis il y avait autre chose : ses yeux. Rouges, comme ceux d'un albinos mais sans la peau blanchâtre qui allait avec. Des yeux de tueur. Néanmoins, ce n'était pas vraiment l'impression dégagée par le bonhomme. Il en sortait une aura puissante, mais pas agrssivement, plutôt une puissance digne d'un grand chef. Un chef charismatique ! Oui voilà, il dégageait de lui une certaine gentillesse, sans doute a cause de son visage encore jeune. Mes doutes se dissipaient encore, ne laissant que très peu de chances de me tromper. Mais j'essayais de les contenir. Pas de fausses illusions. Surtout pas !

J'étais en proie a un conflit intérieur très violent. Après quelques minutes pour me calmer, je décidais d'aller les voir, tout les deux. J'avançais donc vers les deux Assassins, avec dans le coeur, de l'espoir autant que de l'appréhension.

Je m'arrangeai pour qu'Éléanora ne puisse se défiler, ce qu'elle ferait à coup sûr. Mais une fois arrivé devant les Assassins, une fois que mes yeux croisèrent les siens, je perdis le sens des réalités, je savais que c'était mon frère, je le sentais ! Je n'avais plus qu'une envie : me jeter dans ses bras tel un enfant dans les bras de son grand frère. Et pourtant, cela m'était impossible. Je ne pus dire qu'une chose, un murmure :

" Shiro . . . ? "

« Bien sûr qu'on restera, n'est-ce pas notre but ? Aider les gens victimes d'injustices... ça y ressemble du moins. »

« Exact. On sait ce qu’il faut faire dans ce cas. » je lui répondais.

On marcha pour un bon petit moment, parlant de ce sujet ou d’autres jusqu’au moment où je ne payais même plus attention à où on allait. On s’était retrouvé à balader dans la ville sans aucun sens. J’avais déjà payé notre nuit dans l’auberge, mais si on devait rester ici, il fallait y retourner pour réclamer notre chambre… pour plus longtemps que prévu. Mais bon, je me chargerais de ça plus tard, je me suis dis.
J’avais remarqué que pendant notre ballade, Eléanora avait évitée quelques rues et qu’elle avait tournée presque discrètement à quelques moments. Pas un détail qu’on devrait avoir vu normalement, mais en étant un Assassin, c’est simplement les trucs que tu remarquais. Les petits détails que les gens ne donnaient pas assez d’attention. Au début je m’avais pas trop posé de questions au rapport, mais le plus longtemps qu’on marchait, le plus difficile ça devenait d’ignorer cette chose. Je soupirais, sachant que tout ça était la faute de mon éducation comme tueur.

« Dit, Eléanora, il y a une raison pour éviter certains chemins ? »

Mais avant qu’elle puisse même me répondre, un adolescent – qui semblait bien plus mûre que tous les ados de cette ville – nous barrait la route.
Je n'arrivais pas à jauger le garçon comme je l'avais fait avec tous les Albertiens que j'avais déjà croisé. Généralement, je savais en un clin d'œil à quel genre de gens j'avais affaire, mais ce garçon me prêtait à confusion. Espérant trouver un indice dans son expression, je me tournais vers Eléanora. Elle ne semblait pas trop contente d’avoir rencontré ce jeune garçon – enfin, rencontré ? Vu son regard, elle l’avait déjà vu quelque part.
Cet ados me donnait un pressentiment bizarre. J’ignorais ce qu’il voulait dire, mais je ne l’aimais pas du tout. Ca me faisait sentir plutôt faible, comme si dans le moindre de secondes, à cause de l’apparence du garçon j’avais un point faible. Ce qui ne me plaît jamais.
Peut-être c’est le regard qu’il me donnait ou peut-être c’était juste le fait qu’il semblait si jeune soudainement, mais j’étais complètement distrait.

« Shiro… ? » dit-il.

Confus, je lançais mon regard vers Eléanora : je ne savais pas quoi faire. Mais elle ne m’offrait pas d’aide du tout. Elle le visait elle-même avec des yeux que je n’avais pas vus souvent. Quand j’avais fais la conclusion d’être seule au monde pour un moment, je compris qu’il fallait répondre un jour. J’étais presque près à le faire, quand je remarquais les vêtements qu’il portait. C’était… comme une armure. Et ayant vu ça, j’avais plus facile à analyser le reste. Ces yeux – c’était un tueur.

« C’est moi. Que me veux-tu ? »

" Exact. On sait ce qu’il faut faire dans ce cas. "

J'imaginais déjà le scénario : les Albertiens, couteaux, fourches et marteaux à la main, criant à la destruction d'une des villes les plus gardées au monde. Quelqu'un devrait se rendre compte que c'était de la pure folie, un massacre, et cette personne serait celle à laquelle nous nous proposerons. En tant que personne, je n'aimais pas être au centre de l'attention, et en tant qu'Assassin, je préfèrais agir dans l'ombre. Pour le bon fonctionnement de notre pratique, nous devions rester discrets; pour construire la réputation de l'Assassin (qu'il nous était vitale de garder intacte), les gens devaient savoir qui avait fait le coup. Tant de choses à penser, nous devions prévoir ce que penseraient les autres, mais les manipuler pour qu'ils restent dans l'ignorance assez longtemps pour ne pas laisser de doute à notre victoire. Discutant vaguement de ce dont seraient faits les jours à venir, Shiro et moi décidions de rester dans la même auberge (qui n'était pas si mal, à part les bruits de fête jusque tôt le matin), car c'est là que le caillou avait brisé l'étendue plane de l'étang, et c'est de là que partiront les remous.

Peu après, lorsque nous nous tûmes tous deux pour méditer ce qui venait d'être décidé, Shiro demanda :

" Dit, Eléanora, il y a une raison pour laquelle nous évitons certains chemins ? "

Oh. En effet, j'avais oublié de lui faire part de l'évènement de ma propre matinée.

" Lorsque je suis sortie, ce matin, j'ai croisé un gamin. Il a voulu jouer au plus fin avec moi, avec son écharpe d'Assassin mais... "

Je me tus. Ce "gamin" venait d'apparaître, venant du quai, et marchait droit vers moi. Il n'avait pas l'air de venir me souhaiter bonne chance pour la suite, il n'avait d'ailleurs pas vraiment l'air amical. Moi, je n'étais franchement pas contente de le voir non plus : dire que j'avais évité tout ce quartier dans l'unique but de ne plus le croiser ! Il s'était remis sur pied vite, c'était à la fois une qualité pour lui et un poids pour moi : si je voulais rester à Alberta pour encadrer la révolte, je devrais vite trouver un moyen de me débarrasser de cette plaie !

Mais arrivé à quelques mètre de nous, il s'arrêta. Il semblait avoir quelqu'un de nouveau en face de lui, une personne auquel il aurait du mal à croire la présence. Prise de court, je ne pensai pas à le devancer dans ses actes, mais je le regardais se remettre en marche, lentement, pour arriver à hauteur de dialogue.

" Shiro... ? " murmura-t-il.

Shiro et moi nous échangeâmes un regard. Le sien était indécis, et je vis que mon compagnon ne savait que pense du nouvel arrivant. Le mien était dur, et j'essayai de lui faire comprendre qu'il fallait mieux passer la route et oublier ce gars, qui ne ferait que nous trainer dans les pattes. Mais Shiro, ô altruiste qu'il est, rapporta son attention au gamin et dit :

" C’est moi. Que me veux-tu ? "

" Il te connais sans doute des rumeurs. Il est le gamin dont je te parlais justement : il portait cette écharpe d'Assassin - qu'il avait sans doute prise sur un cadavre - et déclarait qu'il faisait partie de la Guilde. Il crachait sur la Morale, et n'a connu de maître. Il salissait notre nom, et maintenant qu'il a perdu son emblème, il vient tenter à nouveau de le reprendre. " coupai-je.

Je n'avais pas mâché mes mots, et j'avais parlé en regardant la vermine - dont, s'il me l'avait dit, j'avais oublié le nom - droit dans les yeux. Qu'il sache ! Qu'il s'explique. Mais avec sa fougue et son impertinence, il trouverait encore bien quelque chose à répondre.

" c'est moi. Que veux-tu ? "

Alors c'était lui, c'était bien lui ! 2 ans de recherches et enfin je l'ai retrouvé, j'avais retrouvé mon frère ! J'avais encore du mal a comprendre ce qui m'arrivait. J'étais en totale euphorie intérieure. Je voulus prendre la parole mais Éléanora - dont j'avais jusqu'à oublié l'existance - prit la parole d'une voix haineuse, tout en me regardant avec mépris et dégoût :

" Il te connais sans doute des rumeurs. Il est le gamin dont je te parlais justement : il portait cette écharpe d'Assassin - qu'il avait sans doute prise sur un cadavre - et déclarait qu'il faisait partie de la Guilde. Il crachait sur la Morale, et n'a connu de maître. Il salissait notre nom, et maintenant qu'il a perdu son emblème, il vient tenter à nouveau de le reprendre "

Je devais reconnaître qu'une partie de ce qu'elle disait était - hélas - vrai. je n'avais pas eu de maître, et je venais rechercher mon écharpe. Mais tout ce que j'avais perdu, a savoir mon écharpe et ma fierté, me semblaient dérisoires face a ce j'avais retrouvé : Shiro. Je pris une bouffée d'air et parlai :

" Tu parles sans savoir Éléanora. Je suis, certes, bien venu rechercher cette écharpe, mon écharpe ! En tout cas, c'était pour cette raison que je suis revenu. Mais j'ai retrouvé bien plus en vous voyant. J'ai retrouvé ce a quoi je m'attelle depuis 2 ans. j'ai retrouvé Shiro ... mon frère ! "

Voilà, c'était dit, je laissais quelque secondes, le temps que mes paroles parviennent a leurs cerveaux. Puis j'enchaînait, sans leur laisser le temps de parler.

" Oui Shiro, que tu le veuilles ou non, je suis ton frère, Dalaïr. tu n'as jamais eu vent de moi et ignorait même jusqu'à mon existance. Et pourtant je suis là, je suis de ton sang. Tu ne peux le nier. 2 ans ! voilà le temps que j'ai passé a te chercher sans succès, jusqu'à ma récente rencontre avec ton amie, ce qui fut l'élement-clé de notre rencontre "

A présent le choc de la révélation passée, je parlais et parlais encore, comme pris de frénésie. les mots sortaient de ma bouche avant même que je puisse les jauger, ce qui était inhabituel chez moi. Puis je m'arrêtais, juste le temps de reprendre mon souffle...

« Il te connais sans doute des rumeurs. Il est le gamin dont je te parlais justement : il portait cette écharpe d'Assassin - qu'il avait sans doute prise sur un cadavre - et déclarait qu'il faisait partie de la Guilde. Il crachait sur la Morale, et n'a connu de maître. Il salissait notre nom, et maintenant qu'il a perdu son emblème, il vient tenter à nouveau de le reprendre. » elle avait dise avant de donner la chance au gamin de répondre.

« Ah… et bien– »

Avec une nouvelle force en moi, plus sécurisé qu’avant, j’étais prêt à répondre, quand cette fois-ci c’était le garçon qui me coupait la parole.

« Tu parles sans savoir Éléanora. Je suis, certes, bien venu rechercher cette écharpe, mon écharpe ! En tout cas, c'était pour cette raison que je suis revenu. Mais j'ai retrouvé bien plus en vous voyant. J'ai retrouvé ce a quoi je m'attelle depuis 2 ans. J'ai retrouvé Shiro ... mon frère ! »

Je n’étais pas très sûr d’avoir bien entendu. Peut-être il avait parlé trop vite ou j’étais encore dans mon état d’avant, mais j’étais bien certain d’une chose : ce garçon était confus. En voyant Eléanora – qui avait l’air surprise de sa réponse – je ne me faisais pas trop d’idées. A vrai dire, j’avais du mal interprété ce qu’il venait de dire. Heureusement il reprit la parole.

« Oui Shiro, que tu le veuilles ou non, je suis ton frère, Dalaïr. Tu n'as jamais eu vent de moi et ignorait même jusqu'à mon existence. Et pourtant je suis là, je suis de ton sang. Tu ne peux le nier. Deux ans ! Voilà le temps que j'ai passé à te chercher sans succès, jusqu'à ma récente rencontre avec ton amie, ce qui fut l'élément-clé de notre rencontre. »

Ma première réaction parla plus que 100 mots. Je rias. Et il faut dire que ça avait fait plusieurs années que je n’avais pas pu rire si bien. Ce que ce garçon ne faisait pas pour regagner son écharpe… En avant écouter Eléanora là tout à l’heure, j’avais compris qu’il avait insisté de lui rendre son écharpe, mais de mentir pour ça au point que je devais rire, c’était… amusant.

J’ignorais ce qu’il allait gagner en me persuadant d’être son frère, mais si c’était pour récupérer son écharpe d’Assassin, il avait tort. Même s’il aurait vraiment été un membre de ma famille, je lui aurais pas accordé d’avoir l’écharpe car seulement un membre de la Guilde valant d’être un Assassin avait le droit de porter cette objet. Il y avait des gens qui mouraient en essayant de gagner l’honneur de la porter et ce gamin essaya de me mentir ? C’était pitoyable. Et je n’allais pas en dire de plus.

J’essuyai mes larmes et regagna mon sérieux. Au moins, il m’avait bien fait rire.

« Écoute, je ne sais pas si tu as la moindre d’idées de ce que fait un Assassin quand on lui ment, mais ça ne va pas t’aider à recouvrir ton écharpe – qui d’ailleurs appartient qu’aux Assassins digne de le porter et des menteurs ne sont pas digne de ça du tout. Mais au moins, tu es comique. Ca a fait un temps que j’ai encore pu rire comme ça. »

Je secouai la tête et tourna mon dos vers le garçon avec un sourire aux lèvres.

« On y va, Eléanora ? Peut-être je retrouverai encore d’autres membres de ma famille dont je ne connais pas l’existence sur notre chemin de retour. »

Mon souffle reprit, la réaction de Shiro ne se fit pas attendre. Il rit ! Il éclata de rire ! j'aurais pu rire, s'il s'était s'agit d'une bonne blague ou de se moquer de quelqu'un dans une position ridicule. Mais pas maintenant !

Je venais de lui dire que j'étais son frère. son frère bon sang ! Et lui riait ! C'était insoutenable ! Comment ? Comment pouvait-il rire d'une chose aussi importante que les liens du sang ?

Puis il s'arrêta et dit :

" Écoute, je ne sais pas si tu as la moindre idée de ce que fait un Assassin quand on lui ment, mais ça ne va pas t’aider à recouvrir ton écharpe – qui d’ailleurs n'appartient qu’aux Assassins digne de la porter. Et des menteurs ne sont pas digne de ça du tout. Mais au moins, tu es comique. Ca faisait un certain temps que j’ai pas pu rire comme ça. "

Non ! C'était pas possible. Non seulement, il ne me croyait pas mais il me prenait en plus pour un menteur. Venu dans le seul but de retrouver son écharpe. C'était ... Incroyable. Je me serais attendu a beaucoup de réaction mais pas celle-là. Je ne pouvais rien faire, j'étais tétanisé par sa réaction et mon manque apparent de crédibilité. Il me tourna le dos et dit a Éléanora :

" On y va, Eléanora ? Peut-être je retrouverai encore d’autres membres de ma famille dont je ne connais pas l’existence sur notre chemin de retour. "

Et il s'avança, suivit de la jeune femme. Il me fallu quelques instants de réflexions avant de réagir. Je décidai de courir vers eux, de leur barrer la route et de leur parler. Mais a quoi cela allait-il servir ? A rien ! Et pourtant, mon instinct me poussa a le faire. Je courus donc au-devant des deux Assassins et pour la deuxième fois en quelques minutes, je stoppai net devant eux. Puis je pris la parole, en regardant Shiro droit dans les yeux :

" Comment peux-tu ne pas me croire ? Tout en toi doit crier ce lien qui nous unis Shiro ! Comment peux-tu ne pas le ressentir. Si tu penses que cela a un rapport quelconque avec mon écharpe, tu as tort ! Sinon, je me serais contenté de parler a Éléanora, pas a toi. Quel aurait été mon interêt ? Mais tu dois me croire Shiro. Je suis ton frère ! Comment oublier tout ce que j'ai traversé pour toi, pour enfin pouvoir te voir et t'avouer la vérité. Je suis Dalaïr Dagher, fils de Jamye et Velimir Dagher. Et tu es Shiro Dagher ! Comment peux-tu nier cela ! Hélas ils sont morts. Je voulais aussi te retrouver pour cela. Papa aurait voulus que tu soies là quand maman s'est éteinte. Mais personne ne savait où tu étais. Quand papa est mort de chagrin, j'ai décidé de te retrouver, quel qu'en soit le prix. Alors Shiro, me prends-tu toujours pour un petit voleur de pacotille, juste hanté par le désir de retrouver ce qu'on lui a volé ? Me crois-tu enfin, Shiro Dagher ? "

Et voilà, j'avais enfin tout dit. Vraiment tout ! Il ne restait plus qu'un silence pesant, suivant mes déclarations

Au moins, mes paroles l'avaient touché, c'était une bonne nouvelle. Mais, comme je l'avais prédis, il ne tarda pas a trouver une riposte :

" Tu parles sans savoir Éléanora. Je suis, certes, bien venu rechercher cette écharpe, mon écharpe ! En tout cas, c'était pour cette raison que je suis revenu. Mais j'ai retrouvé bien plus en vous voyant. J'ai retrouvé ce à quoi je m'attelle depuis 2 ans. J'ai retrouvé Shiro... mon frère ! "

Hugh?! Shiro n'a pas de frère. Je l'aurais su. Du moins... m'aurait-il caché cela ? Après toute ces années ? Le doute s'installa vaguement en moi. Et si... Je cherchai un indice dans le regard de mon ami, et nous nous regardâmes un instant. Non, il ne m'avait rien caché, et il semblait tout ignorer de ce garçon, si ce n'est ce que je lui en avais déjà dit. Shiro se retourna vers le garçon, qui persévéra à nous convaincre :

" Oui Shiro, que tu le veuilles ou non, je suis ton frère, Dalaïr. Tu n'as jamais eu vent de moi et ignorait même jusqu'à mon existence. Et pourtant je suis là, je suis de ton sang. Tu ne peux le nier. Deux ans ! Voilà le temps que j'ai passé à te chercher sans succès, jusqu'à ma récente rencontre avec ton amie, ce qui fut l'élément-clé de notre rencontre. "

Shiro pouffa. Voilà la réponse. Je me gardais moi-même de tout débordement, en évitant de rire comme mon ami, et j'observai attentivement le garçon plein de surprises. Il semblait ne pas comprendre l'hilarité de mon compagnon, et vouloir lui mettre des baffes pour le ramener au sérieux pour qu'il écoute son histoire. Difficile de trancher entre tristesse et colère, mais je me tenais prête si jamais le gamin tentais quelque chose de stupide... même si Shiro pourrait très bien s'en débarrasser seul. Je doutais quelque peu des capacités de mon ami lorsqu'il riait ainsi ; je ne l'avais jamais vu aussi... hilare.

Enfin, il s'arrêta, essuya une larme qui s'était formée au coin de son oeil, toussa un coup puis pris pris la parole en soupirant :

" Écoute, je ne sais pas si tu as la moindre idée de ce que fait un Assassin quand on lui ment, mais ça ne va pas t’aider à recouvrir ton écharpe – qui d’ailleurs n'appartient qu’aux Assassins digne de la porter. Et des menteurs ne sont pas digne de ça du tout. Mais au moins, tu es comique. Ça faisait un certain temps que j’ai pas pu rire comme ça. "

Puis il ajouta à mon intention :

" On y va, Eléanora ? Peut-être je retrouverai encore d’autres membres de ma famille dont j'ignorais l’existence sur notre chemin de retour. "

Sa phrase était dite tellement simplement qu'elle m'arracha un sourire sincère, et l'ombre d'un rire. Nous nous retournâmes, mais je savais que le garçon ne nous laisserait pas partis ainsi... sauf s'il était vraiment à court de mots, ce qui m'aurait bien étonné de sa part. En effet, il nous rejoint bien vite, en courant, et se plaça une nouvelle fois devant nous. Et ce n'est que parce qu'il avait l'air de vraiment avoir quelque chose a dire que je ne le replantais pas simplement comme je l'avais fait une petite heure au part avant.

" Comment peux-tu ne pas me croire ? Tout en toi doit crier ce lien qui nous unis Shiro ! Comment peux-tu ne pas le ressentir ? Si tu penses que cela a un rapport quelconque avec mon écharpe, tu as tort ! Sinon, je me serais contenté de parler à ton amie, pas a toi. Quel aurait été mon intérêt ? Mais tu dois me croire Shiro. Je suis ton frère ! Comment oublier tout ce que j'ai traversé pour toi, pour enfin pouvoir te voir et t'avouer la vérité ? Je suis Dalaïr Dagher, fils de Jamye et Velimir Dagher... et tu es Shiro Dagher ! Comment peux-tu nier cela ?! Hélas ils sont morts. Je voulais aussi te retrouver pour cela. Papa aurait voulu que tu sois là quand maman s'est éteinte, mais personne ne savait où tu étais. Quand papa est mort de chagrin, j'ai décidé de te retrouver, quel qu'en soit le prix. Alors Shiro, me prends-tu toujours pour un petit voleur de pacotille, juste hanté par le désir de retrouver ce qu'on lui a volé ? Me crois-tu enfin, Shiro Dagher ? "

Hum. Discours osé. Parler ainsi de ses parents, c'était connaître le sujet. De plus, j'ignorais moi-même beaucoup de choses du passé de mon compagnon, et je ne pouvais pas savoir si ce que disait le nommé Dalaïr - soit disant Dagher - était vrai. Mais un tel discours était sans doute conçus pour convaincre. Ce garçon avait très bien pu le préparer depuis deux ans déjà, menant son enquête jusqu'au berceau de Shiro... mais le concepteur des Assassins n'était pas quelqu'un qui s'étendait largement sur sa vie privée, encore moins sur son passé enfantin. Le Dalaïr devait vraiment avoir creusé... si cherché il avait. Quoi si c'était vrai ? Leurs cheveux étaient tous deux blancs, même si ce n'était pas une preuve en soit. Quoi si le garçon ne s'était pas délavé les cheveux pour ressembler à son idole... Des cheveux si clairs n'étaient pas très répandus... mais pas assez rare pour les obliger à être du même sang. Les yeux du garçon étaient plutôt gris, ce qui tranchait des yeux presque rouges de Shiro. Pour ce qui est de leur traits, je n'osai même pas comparer : mon penchant pour une vérité ou l'autre influencerait trop facilement mon jugement.

Abandonnant mon inspection, je me fis oublier, assistant silencieusement à la scène. Quoique Shiro répondrait, quoiqu'il ferait par la suite, je le suivrais.

Eléanora avait souris et on était parti. Certes pas pour longtemps. Il lui a fus que quelques secondes précieuses pour commencer à courir. J’entendais ses pas derrière moi – jusqu’au moment où il nous regarda de fasse. Il en avait du courage ce petit ! Il n’avait pas l’air content, plutôt frustré, et en entendant ces premiers mots il ne l’avait pas juste l’air, il l’était.

« Comment peux-tu ne pas me croire ? Tout en toi doit crier ce lien qui nous unis Shiro ! Comment peux-tu ne pas le ressentir ? Si tu penses que cela a un rapport quelconque avec mon écharpe, tu as tort ! Sinon, je me serais contenté de parler à ton amie, pas a toi. Quel aurait été mon intérêt ? Mais tu dois me croire Shiro. Je suis ton frère ! Comment oublier tout ce que j'ai traversé pour toi, pour enfin pouvoir te voir et t'avouer la vérité ? Je suis Dalaïr Dagher, fils de Jayme et Velimir Dagher... et tu es Shiro Dagher ! Comment peux-tu nier cela ?! Hélas ils sont morts. Je voulais aussi te retrouver pour cela. Papa aurait voulu que tu sois là quand maman s'est éteinte, mais personne ne savait où tu étais. Quand papa est mort de chagrin, j'ai décidé de te retrouver, quel qu'en soit le prix. Alors Shiro, me prends-tu toujours pour un petit voleur de pacotille, juste hanté par le désir de retrouver ce qu'on lui a volé ? Me crois-tu enfin, Shiro Dagher ? »

En avant fini son monologue, il attendait. Qu’attendait-il donc ? Moi ? Vraiment ?!

Je repoussais l’affreuse volonté de poignarder le gamin devant moi dans les minutes prochaines. J’essayais de garder mon calme – sachant que tout ce qu’il désirait de moi était bien de le perdre. Je refusais de penser normalement. Ce type était-il un crétin ? Avait-il rien de mieux à faire ? Comment avait-il osé de me pousser à tenir ma lame d’une manière à en être prêt de l’utiliser ?

J’étais confus.

Je n’arrivais pas à penser calmement. A chaque fois que j’essayais de trouver des noms pour le traiter de quelque chose, ma cervelle me donnait des maux de têtes pas possibles. Combien de temps aurait-il pu gaspiller à ces recherches ? C’était difficile de trouver de telles informations sur moi et ma vie privé, surtout en étant discret comme je l’étais. C’était difficile, mais pas impossible – et je refusais de croire se sac à puces !

Ma colère n’avait plus de limites et je savais qu’en restant silencieux ça allait juste résulter comme une bombe inférieur qui n’attendait qu’à s’exploser à un moment au l’autre. Il fallait que je dise quelque chose. N’importe quoi – mais quelque chose pour me calmer.

« N’as-tu pas honte de parler de ma famille comme ça ? » avais-je dis calmement. « Parler de mes parents comme si tu les connais ? »

Je n’avais jamais vraiment connu mes parents moi-même. Que voulait-il en même temps ? J’avais dix ans en disant mes adieux à ma mère et mon père. Dix ans ! La seule figure parental que je me rappelle encore de ma vie était Darr Nem. C’est lui qui m’avait appris tout ce que je savais, donc je ne portais pas tellement d’importance à mes parents biologiques. Mais le fait que ce gamin prétendait de les connaitre mieux que leur propre fils me fâcha terriblement.

« Et puis même, Dalaïr, » crachais-je. « même si tu es mon frère de sang, que veut-tu que je fasse ? Je n’ai pas de temps de prendre soins de toi. Va te trouver une vie ailleurs. Tu nous fais perdre notre temps. Les adultes on des trucs à faire. »

J’espérais vraiment qu’il était intelligent et me laisserai tranquille – parce que je sentais ma main se foncé dans la poignée de ma lame de plus en plus fort.

Sa réaction a mon discourt était loin de ressembler a la première. Elle était plutôt le contraire. Il semblait en colère, presque prêt a bondir et a me tuer. J'hésitais un instant. Et si cela lui prenais, qu'allais-je faire ? Je chassais vite cette idée de ma tête. il était mon frère, comment pourrait-il penser a me tuer ?
Puis il prit la parole :

" N’as-tu pas honte de parler de ma famille comme ça ? Parler de mes parents comme si tu les connais ? "

Mais tes parents sont les miens Shiro ! Pourquoi ce refus d'admettre la simple vérité ? C'est ce que j'aurais voulu crier mais je restais muet, silencieux, ne sachant que dire ou que faire.

" Et puis même, Dalaïr, même si tu es mon frère de sang, que veut-tu que je fasse ? Je n’ai pas de temps de prendre soins de toi. Va te trouver une vie ailleurs. Tu nous fais perdre notre temps. Les adultes on des trucs à faire."

J'aurais préféré mourir dans ma quête plutôt que de l'entendre proférer de telles paroles. Que voulais-je qu'il fasse ? Quelque part, cette question ne m'était jamais venue à l'esprit. C'est vrai. Qu'avais-je imaginé. Qu'il me prendrait sous son aile, qu'on irait pique-niquer ensemble sur les landes ? Mais quel imbécile. Mais outre la rage éprouvée envers moi-même, une tristesse plus grande que toutes celles jamais ressenties m'envahit. Et pour la première fois, de véritables larmes tombèrent sur mes joues. Pas les mêmes que celles qui étaient apparues après mon combat contre Éléanora, de vraies larmes ! Jamais je n'avais pleuré depuis la mort de mes parents. Mais là, c'était encore pire. Car quelque part, je venais de perdre ma famille. Et cette fois, j'étais a court de mot, a court d'argument, a cours d'espoir. Tout bascula a ce moment-là. Je regardais Shiro, mes yeux encore baignés de larmes. Et dis d'une voix tremblante :

" Pourquoi Shiro ? Je sais que tu es un Assassin, surment l'un des meilleurs de tous. Mais tu ne peux renier ta famille. Tu ne pas pas me renier moi ! Autrement, tu ne serais qu'un sans-coeur ! "

Et à ces mots, de nouvelles larmes perlèrent au coin de mes yeux, s'écrasant sur mes joues. J'essuyais celles-ci d'un revers de manche.

Le moment même où ses premières larmes commencèrent à tomber, je me réalisais qu’il était vraiment ce qu’on le traiter : un gamin. Il avait soi-disant parcouru le monde pour me retrouver et maintenant qu’il m’avait en effet ‘retrouver’, je lui tournais le dos. Mais mon âme criait autre chose. Un imposteur ! Un menteur. Qu’est-ce qu’il ne faisait pas pour essayer de me convaincre… Franchement, ça me fâchait.

La manière dont il avait nommé mon nom, tellement de fois ! Ca m’énervait. Shiro ça, Shiro ci ! Aucun homme sur terre ne savait utiliser un prénom tel fois dans une conversation. Je cherchais la raison caché derrière ceci, mais le seule truc qui passait ma tête qui avait un peu de sens logique, était qu’il voulait ce rassurer que c’était bien moi – ce qui m’aider pas du tout à me convaincre de son mensonge.

« Pourquoi Shiro ? Je sais que tu es un Assassin, surement l'un des meilleurs de tous. Mais tu ne peux renier ta famille. Tu ne pas me renier moi ! Autrement, tu ne serais qu'un sans-cœur ! »

Renier ma famille ? Pourquoi ferais-je ça ? Je sais qui je suis et je sais d’où je viens. Je n’avais jamais renié ma famille. J’étais peut-être pas au courant de ce qu’il se passait là-bas, dans ma ville natale, mais je n’avais jamais renié d’où je venais. Le passé c’est ce qui te fabrique. Comme les premières briques d’un bâtiment. Une fondation qu’on ne pouvait changer. Si ce début était gâchis et maltraité, le bâtiment pouvait s’écrouler. C’était la même chose avec renier sa fondation. Non, j’étais bien au courant qu’il fallait rester fier de soi-même, quoi qu’il se passe. Donc renier ma famille n’étais pas quelque chose que j’avais fais.

« Un sans-cœur ? » dis-je avec un sourire moqueur. « N’est-ce pas ce que tu croyais qu’un Assassin était ? Un vulgaire tueur qui ne pensait qu’à soi-même ? Alors oui. Si je dois croire ta définition d’Assassin, j’en suis un : un sans-cœur. »

J’en avais marre de l’écouter. Ras-le-bol de savoir ce qu’il avait à dire. Ses excuses étaient débiles. Et même s’il avait quand même laissé un gros doute sur moi – un fardeau sur mes épaules, je ne voulais plus l’entendre.

Toute la colère que j’avais ressentie avant tombait à la pointe de mes doits, ce qui résultait d’une force utile pour un combat. L’émotion rendait une personne plus forte, mais en même temps plus vulnérable. Un Assassin ne devait pas avoir tels saisissements en lui. C’était bien trop dangereux.

Mais sans même chercher, je savais que ce gamin avait changé quelque chose en moi. Une incertitude irremplaçable et ça m’exaspéra. Tellement en colère pour ce qu’il avait changé, je ne sentais plus aucune issus autre de le bousculer avec la force qui me restais. Je regrettais de l’avoir fait le moment même... Le gamin tombait par terre et je disparaissais vite-fait dans une des ruelles.

Shiro semblait avoir du mal à se contrôler, et l'idée que devrait peut-être me tenir prête pour le retenir lui me vint. Drôle de position, il était difficilement en vrai colère, et souvent, il était celui qui devait mettre une main sur mon épaule pour m'amener à me calmer. Mais moi, ça me semblait normal : je ne trouvais jamais les mots, et un bon retour sur terre dû à la douleur d'un membre parlait mieux qu'une de mes tirade. Mais mon ami, l'assassin qui me précédait, maniait la parole aussi bien que ses dagues, et voir que les mots lui manquaient était plutôt mauvais signe, bien que cela ne dura que peu : il se reprit assez vite, et articula plus calmement :

" N’as-tu pas honte de parler de ma famille comme ça ? Parler de mes parents comme si tu les connaissais ? " Il pausa, sembla réfléchir intensément, puis continua : " Et puis même, Dalaïr, même si tu es mon frère de sang, que veut-tu que je fasse ? Je n’ai pas de temps de prendre soins de toi. Vas te faire une vie ailleurs. Tu nous fais perdre notre temps. Les adultes ont des choses à faire. "

Ce qui suit me choqua : le bonhomme impétueux qui ne cessait de nous importuner eut un genre de... hoquet. Ses yeux se remplirent, et quelques larmes coulèrent sur ses joues. Il semblait vraiment prendre sa "mission" très à cœur, et même s'il disait avoir réussi - il avait trouvé Shiro, ce à quoi il s'employait depuis deux années déjà, disait-il - on aurait dit qu'il venait de rater sa vie. Triste spectacle. Mon état d'alerte fut un peu englué par un vague sentiment de compassion, qui fut renforcé lorsqu'il dit ceci :

" Pourquoi Shiro ? Je sais que tu es un Assassin, sûrement le meilleur de tous. Mais tu ne peux renier ta famille. Tu ne pas pas me renier moi ! Autrement, tu ne serais qu'un sans-cœur ! "

" Un sans-cœur ? " dit-il avait mépris. " N’est-ce pas ce que tu croyais qu’un Assassin était ? Un vulgaire tueur qui ne pensait qu’à soi-même ? Alors oui. Si je dois croire ta définition d’Assassin, j’en suis un : un sans-cœur. "

Le visage détruit de Dalaïr ne me laissait pas de marbre, même si je gardais la bouche sèche, mes yeux le regardaient avec tristesse. Pas besoin de le voir pour savoir que Shiro fulminait. Sa respiration était forte, je pouvais l'entendre sans peines. Les quelques personnes qui trainaient dehors nous dévisageaient avec curiosité, sans doute peu accoutumés à voir deux assassins et demi discuter en pleine rue. Mon compagnon quitta mon côté, et traversa Dalaïr avec force. Ce dernier tomba à terre, comme un sac. Aucune résistance... quoique le coup de Shiro ne l'avait pas ménagé.

L'Assassin parti en direction de la rue par laquelle nous étions venu, et je m'apprêtai à le suivre. Mais avant de lui emboiter le pas, je jetai un dernier regard significatif à Dalaïr. Il avait fait plus que semer le doute en moi. Rarement, voir jamais, je n'avais vu Shiro dans cet état. Ce qui signifiait clairement quelque chose. Si mon ami se laissait emporter ainsi, c'était que le doute l'avait atteint aussi. Cela signifiait que tout concordait, mais qu'il refusait d'y croire. Moi, l'idée qu'il puisse avoir un frère ne me dérangeait pas. L'idée que ce frère puisse être Dalaïr, que j'avais humilié - légitimement - ce jour même, ce même garçon qui avait tout fait pour recouvrir à nouveau son écharpe d'Assassin gagnée contre les règles de la Guilde, me dérangeait, elle. Mais après tout... on ne choisit pas son frère, comme je n'ai pas choisi mon père. Et si c'était un mensonge, Dalaïr le payerait. Mais si c'était la vérité... Shiro devrait passer par delà ses idées pour reconnaître Dalaïr comme son frère de sang.

Mes larmes essyuées, la réponse de Shiro tomba comme une sentence de mort :

" Un sans-cœur ? N’est-ce pas ce que tu croyais qu’un Assassin était ? Un vulgaire tueur qui ne pensait qu’à soi-même ? Alors oui. Si j'en crois ta définition d’Assassin, j’en suis un : un sans-cœur "

Ses traits étaient tirés par la colère, colère dirigée conte moi. C'était cela que je ne comprenais pas ! Pourquoi était-il en rogne contre moi ? Qu'avais-je fait ? Cette colère n'était pas justifiée !

Mais son geste fut pire, dix fois pire que ses paroles. Il me rentra littéralement dedans et me mit a terre. Je tombai sur le sol dur, sans avoir eu le temps de comprendre. Puis il s'en alla, entrainant a la suite Éléanora. Cette dernière se retourna dans sa marche et me regarda. Je l'implorai silencieusement de m'aider. Mais rien, elle ne fit rien.

Je restai là quelques minutes, assis sur le sol, cherchant quoi faire. Puis je me relevai lentement, sous le regard des passants, intrigués par cet échange. Je me dirigeai vers le port, a l'opposé d'où était parti Shiro. Je m'assis sur le bord du quai et contemplait l'horizon. De nouvelles larmes virent. Je n'avais jamais autant pleuré sur si peu de temps. Et toutes sortes de questions se bousculaient dans ma tête. Mais avant tout, le fait d'être seul me sauta a la gorge. Je n'avais jamais été vraiment seul car je me raccrochais a l'idée de retrouver mon frère. Mais là, j'étais seul, bel et bien seul ! Puis, refoulant les nouvelles larmes qui me venaient au yeux, je cherchai déserpérément quoi faire. C'était la chose primordiale. je n'avais plus rien. Plus de but, plus d'écharpe, plus de frère, plus d'espoir ! Je sortis mes dagues de leurs fourreaux et les contempai. J'hésitai une fraction de seconde à la jetter a l'eau puis cet envie me passa, aussi vite qu'elle était venue. Ses dagues étaient les seules choses qui me restaient. Je n'ai plus rien.

J'avais tout raté !

" Si un dieu quelconque existe, pourquoi se moque-t-il de moi ainsi ? Je suis un Assassin, je n'ai pas choisi de tuer, il doit en être conscient ! Shiro avait Éléanora, pourquoi donc n'ai-je personne ? Que dois-je faire ? "

Mais personne ne me répondit, ni même ne m'envoya un signe. Alors, je décidai d'aller dans l'une des deux auberges de la ville. Marchant vers la bâtisse, mon esprit était vide, vide d'émotions. Une fois sur le perron, je poussai la porte et entrai. L'odeur de sueur et d'alcool aurait dû me prendre a la gorge et me pousser a faire demi-tour mais pas cette fois. J'approchai du comptoir et demandai une chambre et un repas avec de bière, beaucoup de bière. Je payai l'aubergiste et m'installai à une table au fond, en recul par rapport aux autres. Quelques minutes plus tard, on m'apportais à manger et à boire. Je grignotais le lard et les pommes de terre. Puis je bus d'une traite la chope de bière. Puis j'en commandais une autre, puis encore une, et ainsi de suite, jusqu'à ce que je devienne complètement abruti par la boisson... (arrêêêêête avec ces . . . !)